mercredi 30 septembre 2009

Varginha. Un crash d'ovni au Brésil - Première partie



Gildas Bourdais, juin 2005, mise à jour en septembre 2009


Un engin extraterrestre s’est-il écrasé, en janvier 1996, près de la ville de Varginha au Brésil, et a-t-il été récupéré en secret, avec ses occupants, par l’armée de ce pays ? C’est bien ce que semblent révéler de nombreux témoignages, civils et militaires, qui ont été recueillis depuis cette date par des enquêteurs capables et motivés. Les premiers, et principaux enquêteurs sur cette affaire incroyable, Ubirajara Rodrigues et Vitório Pacaccini, ont pu recueillir très vite, avec leurs amis dans les quelques semaines suivant l’incident, une série de premiers témoignages concordants. Ils se sont rendu compte que le secret militaire avait été vite imposé aux soldats ayant participé aux opérations, mais « le chat était sorti du sac » et l’armée n’a pu empêcher un certain nombre de témoins de parler, sous couvert de l’anonymat, qui ont été enregistrés, avec des copies de cassettes mises en lieu sûr.



Carte de la région


L’incident de Varginha comporte encore des zones d’ombre et des interrogations, comme on va le voir, mais les enquêteurs ont réuni des témoignages assez solides pour penser qu’il y a bien eu, probablement, un accident d’ovni, avec capture de plusieurs êtres étranges, dans la banlieue de la ville. Extraordinaire découverte ! D’excellents enquêteurs brésiliens ont pu obtenir rapidement des témoignages importants, et l’histoire a bientôt attiré l’attention à l’étranger. Des enquêteurs de plusieurs pays sont venus s’informer sur place, et voir à leur tour les témoins trouvés par leurs collègues brésiliens, ce qui a encore renforcé la crédibilité du dossier. L’un d’eux, le Dr Roger Leir, est un médecin et enquêteur américain. Déjà connu des ufologues brésiliens, il a pu faire sa propre enquête avec leur aide efficace, et il en a tiré un livre de reportage, publié en France au début de l’année sous le titre Des Extraterrestres capturés à Varginha au Brésil (1). C’est un livre recommandable pour les lecteurs souhaitant en savoir plus. Voici le film détaillé des enquêtes, et des événements tels qu’on a pu les reconstituer.

Les premiers témoignages : des sources différentes et concordantes

Le soir du samedi 20 janvier 1996, la ville de Varginha est parcourue de rumeurs sur la découverte d’une étrange créature. C’est l’été, et dans cette ville prospère de 120 000 habitants de l’état de Minas Gerais, les nouvelles circulent vite. Dès le lendemain, l’avocat et ufologue Ubirajara Rodrigues, habitant de la ville et connu pour son sérieux, recueille déjà plusieurs témoignages.



Une rue de Varginha



L'enquêteur Ubirajara Rodrigues


Les premiers lui paraissent fragiles, puis il est appelé par un commerçant, M. Milton, dont l’une des employées connaît trois jeunes filles qui disent avoir vu un être étrange en traversant un terrain vague. Celui-ci les a effrayées au point qu’elles ont pris la fuite, croyant voir le Diable ! Voici ce qu’elles racontent à Ubirajara, qui les a retrouvées rapidement. Il a rencontré la mère de deux des trois filles, Mme Luisa da Silva. Celle-ci, d’abord réticente, a accepté de lui faire rencontrer ses deux fille et leur amie. Katia Xavier, âgée 22 ans, est femme de ménage et elle est accompagnée ce jour là de ses deux amies plus jeunes, les sœurs Liliane da Silva, 16 ans, et Valquiria, 14 ans. Elles sont encore scolarisées mais elle l’ont aidée à préparer un déménagement.



Les trois jeunes filles, Katia, Liliane et Valquiria


Toutes trois reviennent de leur travail, ce samedi 20 janvier vers 15 h 30, dans le quartier de Jardim Andere, pour rentrer chez elles au quartier de Santana, situé juste au nord. Varginha est bâtie sur un terrain vallonné, et ces deux quartiers, situés dans la banlieue est, sont sur des collines séparées par un petit bois et des prés en contrebas. Les trois filles ont l’intention de couper par un raccourci à travers bois, et elles sont en train de traverser un lotissement en friche de Jardim Andere lorsque, soudain, elle aperçoivent un être très bizarre, accroupi au pied d’un mur. "Ce n'était ni un homme, ni un animal - c'était quelque chose de différent", raconte Katia Xavier. Cet être avait la peau brune, d'aspect huileux, avec des membres « comme du caoutchouc ». Sa tête, très grosse, était surmontée par trois protubérances arrondies.



Un dessin de la créature


Alors que les trois filles s’approchaient, la créature a tourné la tête vers elles. Elles ont vu alors deux énormes yeux rouges qui les ont épouvantées, et elles ont pris la fuite en courant. Liliane, la sœur aînée, est restée un instant en arrière pour l’observer. Elle a eu l’impression que la créature était intelligente et en état de détresse. On a dit qu’elles avaient senti une odeur très forte, mais plus tard, notamment lorsque le Dr Leir va les interroger en 2003, elles ne confirmeront pas cela. A part ce détail, elles s’en sont toujours tenues à la même description. Les trois filles arrivent chez elles, très émues, et racontent leur aventure en pleurant à la mère des deux filles. Celle-ci s’arme de courage et va inspecter les lieux avec une voisine, mais l’être étrange n’est plus là. Il reste cependant des traces de pieds bizarres, dans les herbes hautes, au pied du mur.

Ubirajara a été impressionné par la sincérité des trois filles, encore très émues, au bord des larmes lorsqu’il les a rencontrées. D’autres enquêteurs ont eu la même impression. Notamment Roger Leir, et surtout le psychiatre américain John Mack, spécialiste de l’épineux dossier des histoires d’enlèvements, qui a pu lui les interroger en juin 1996, à l’occasion d’un congrès ufologique au Brésil. Après leur avoir parlé, le Dr Mack a déclaré que, si elles étaient des simulatrices, il était prêt à déchirer ses diplômes de médecin ! Mais qu’est-il advenu de cet être étrange qui semble avoir disparu ? Le enquêteurs vont le découvrir grâce à d’autres témoignages qu’ils vont commencer à recueillir rapidement.

Révélations d’une infirmière de l’hôpital Régional

Très vite, des rumeurs orientent l’enquête vers l’un des trois hôpitaux de la ville, l’hôpital Régional. Ubirajara Rodrigues réussit à parler à une infirmière qui, d’abord très réticente, lui raconte ce qu’elle a vu, après être assurée de son anonymat car elle est effrayée. Le dimanche 21 janvier, il y a eu une certaine agitation à l’hôpital. Des médecins sont venus, qui n’étaient pas de la ville. Etaient là également la police militaire et des véhicules militaires. Une partie de l’hôpital était fermée, interdite d’accès, même au personnel. Le lendemain, elle a été convoquée avec d’autres employés dans le bureau du Directeur qui leur a ordonné de ne rien dire de ce qui s’était passé : « c’était juste un exercice d’entraînement pour les médecins et les militaires ». Il les met en garde contre les questions qu’on pourrait leur poser, en particulier l’avocat Rodrigues. « Vous devez tout nier », conclut-il.



L’hôpital Régional


Peu après, Ubirajara reçoit une première confirmation par l’une de ses anciennes élèves (il est aussi professeur à l’université). Celle-ci s’est trouvée avec des amis à la réception de l’hôpital, le dimanche-soir vers 22 h 30, et ils ont demandé à l’employé ce qu’il en était des rumeurs sur le « petit monstre ». Celui-ci a confirmé qu’on l’avait bien amené là, mais qu’on l’avait déjà transporté ailleurs, à l’hôpital Humanitas. Celui-ci, plus petit, se trouve à la sortie de la ville et est plus facile à contrôler. Des témoins habitant près de cet hôpital ont remarqué des mouvements de personnels militaires, à l’entrée latérale. D’autres témoignages, on va le voir, recoupent bien celui-ci, sur le transport du blessé à l’hôpital Humanitas, le soir du dimanche 21 janvier. Disons-le déjà, il s’agissait sans doute de l’être blessé aperçu par les jeunes filles, qui avait été capturé le même soir par deux policiers, non loin de là. Mais poursuivons le fil de cette enquête qui va de surprise en surprise.

Ubirajara décide alors de se renseigner directement, et obtient un entretien avec le commandant Mauricio, de la police militaire. Celui-ci le reçoit courtoisement et déclare ne pas être au courant. Il « va se renseigner » et lui dit de le rappeler. Ce que fait Ubirajara, mais le commandant reste injoignable après des dizaines d’appels téléphoniques. Pourtant, une amie de l’enquêteur travaillant dans la police lui confirme qu’il y a eu beaucoup d’appels de témoins ayant vu le « petit monstre », mais que les policiers n’y ont pas fait attention, croyant que c’était une blague. Ubirajara, intrigué, continue à enquêter, en visitant la brigade des pompiers, à laquelle on fait normalement appel pour capturer des animaux égarés. Le capitaine Alvarenga n’est pas au courant lui non plus. Plus tard, lors d’une émission de télévision sur la station locale de la grande chaîne Globo TV, les pompiers, de même que l’hôpital Régional, vont nier toute participation, au beau milieu d’une émission avec Ubirajara Rodrigues. Or, on ne va pas tarder à découvrir que les pompiers de Varginha ont bien joué un rôle dans cette affaire, grâce au renfort d’un autre enquêteur, lui aussi très efficace, Vitório Pacaccini, venu de Belo Horizonte au début de février, trois semaines après l’événement. Au cours des mois suivants, les deux enquêteurs, travaillant ensemble, vont entendre pas moins de vingt-cinq témoins directs : des civils, des personnels et policiers militaires, des personnels médicaux. Aujourd’hui, leur nombre dépasse la soixantaine. Ils vont aussi apprendre l’identité de presque tous les militaires impliqués. Mais ni eux, ni les autres enquêteurs venus en renfort, comme Claudier Covo, de Saõ Paulo, n’ont encore pu mettre la main sur une preuve irréfutable d’un crash d’ovni à Varginha, telle qu’un débris ou un document militaire le confirmant. On peut dire cependant que c’est l’un des dossiers les plus remarquables dont on dispose aujourd’hui sur un accident d’ovni, comparable par le nombre et la qualité des témoins à celui de Roswell (2). On peut aussi supposer que, étant beaucoup plus récent, il a plus de chances d’être résolu, mais ce n’est pas sûr car l’affaire de Roswell a progressé ces dernières années, alors que ce n’est pas le cas, semble-t-il, pour Varginha. Mais il peut toujours y avoir des surprises…

Des témoins militaires

Vitório Pacaccini habite à Belo Horizonte, la grande ville de l’Etat de Minas Gerais. Toute cette région est prospère, tout comme Pacaccini qui est propriétaire de plantations de café et exportateur. Il est aussi un ufologue bien rôdé aux enquêtes de terrain, comme Ubirajara. Le 11 février, il découvre, avec ses amis, les événements de Varginha dans la presse, et son groupe ufologique, dont il est membre depuis pas moins de 18 ans, lui confie la mission d’aller enquêter sur place. Jouissant d’une assez grande liberté dans son travail, il va pouvoir consacrer beaucoup de temps à cette enquête, qui le passionne très vite. Il se met en rapport avec Ubirajara et il va, au cours des mois suivants, faire de nombreux déplacements de Belo Horizonte à Varginha, mais, comme il a des attaches dans la ville voisine de Três Corações, à 27 km à l’est de Varginha, c’est là qu’il se rend d’abord pour contacter des amis. Grâce à eux, il y trouve presque tout de suite des témoins militaires, car c’est dans cette ville que se trouve un grand établissement militaire, l’ESA, qui est l’école de sous-officiers de l’armée brésilienne (Escola de Sargentos de Armas), très impliquée dans l’affaire de Varginha.

La capture d’un être par les pompiers

Pacaccini rencontre, chez un ami, un premier témoin militaire qui accepte de parler, à condition bien entendu qu’il respecte son anonymat. Selon lui, la brigade des pompiers de Varginha a reçu de nombreux appels, sans doute transmis par la police, dès le samedi 20 janvier de bonne heure, entre 7 h et 8 h, lui demandant de venir capturer ce que l’on croit alors être un animal en liberté. Notons que les pompiers sont, comme en France, des militaires. Le chef de la brigade, le major Maciel, envoie une équipe de quatre pompiers qui arrive sur les lieux vers 10 h. Et devinez quoi : ce terrain est juste à côté de celui où les trois filles vont voir un être étrange dans l’après-midi. Mais, il n’est pas possible que ce soit le même car les pompiers vont en capturer un le matin même. Et ce n’est pas tout : nous allons voir plus loin que l’armée en a trouvé deux autres, toujours dans le même secteur, le même jour ! Mais revenons d’abord à cette première capture par les pompiers.

Une fois sur place, les pompiers trouvent d’abord trois garçons qui s’amusent à lancer des pierres en direction d’un être étrange. Ils les font décamper, et observent cette créature en train de se déplacer avec peine sur l’autre versant d’un petit vallon boisé, au pied duquel passe une ligne de chemin de fer. Leur route est en surplomb et il leur faut descendre une pente assez raide, puis traverser la voie ferrée, pour essayer de la capturer. Ils ont du mal à s’en approcher car elle s’est cachée dans le bois. Mais, finalement, elle se laisse faire. Les pompiers la capturent, non pas au moyen d’un filet comme on l’a cru, mais avec une longue canne munie d’une corde coulissante. Cet instrument sera montré au Dr Leir, quand il leur rendra visite avec Ubirajara en 2003 (à cette date, la consigne du secret se sera beaucoup relâchée…).



Schéma des environs


Le militaire qui a révélé à Pacaccini cette opération des pompiers donne une description de la créature semblable à celle des jeunes filles, avec d’autres détails : elle a de grands pieds avec deux gros doigts en V ; après avoir été capturée, elle va émettre un son curieux, comme un bourdonnement d’abeilles. Les pompiers, une fois remontés sur la route en surplomb, remettent la créature à des militaires, venus eux aussi sur les lieux, qui attendaient avec un camion sur la route en surplomb. Ceux-ci la placent dans une caisse recouverte d’une bâche, la chargent à bord de leur camion et s’en vont rapidement, retournant sans doute à leur base de l’ESA à Três Corações. Le Dr Leir raconte dans son livre, qui apporte beaucoup d’informations nouvelles, que, selon un autre témoin militaire qui l’a raconté à Ubirajara, cet être aurait été maintenu en captivité à l’ESA pendant 24 heures puis transféré en hélicoptère à Brasilia. De là, un avion militaire américain l’aurait embarqué pour les Etats-Unis. Cependant, cette information n’a pu être recoupée. En revanche, il y a d’autres témoins de cet étrange manège des pompiers. Il a été observé par des ouvriers en train de construire une maison, à une centaine de mètres plus loin. L’un de ces témoins est un poseur de briques du nom de Henrique Jose de Souza. Et il y a eu au moins trois autres témoins qui passaient par là. Et pour finir, il y a les pompiers eux-mêmes, ou du moins l’équipe en place en 2003, qui avait changé mais était au courant. Le Dr Leir raconte dans son livre qu’il a pu les rencontrer avec Ubirajara, et qu’ils ont été très bien accueillis !

Un être capturé par deux policiers

Vers 18 h, toujours le 20 janvier, une averse de grêle, brève mais brutale, est tombée sur Varginha, qui a effacé les traces de pas vues pas la mère des jeunes filles dans le terrain vague. En revanche, des témoins ont vu deux policiers en civil, en fait des agents de la police militaire, qui patrouillaient dans le quartier dans une voiture banalisée, arrêter et embarquer une étrange créature qui s’était cachée dans un terrain en construction. On sait maintenant que ce terrain était à seulement deux pâtés de maison du lotissement des jeunes filles, comme Ubirajara l’a montré, sur place, au Dr Leir lorsqu’il a enquêté en 2003. Il y a tout lieu de penser que c’était le même être qui, blessé, n’avait pas pu aller bien loin. On sait que les deux policiers ont d’abord amené la créature à une petite antenne médicale proche, qui les a dirigés vers l’hôpital Régional. L’un d’eux, le jeune Marco Eli Chereze, 23 ans, s’est arrêté à la maison de ses parents, pour changer ses vêtements trempés par la pluie. Il leur a dit de prévenir sa femme qu’il n’allait pas rentrer dîner car il allait travailler toute la nuit. C’est là que l’histoire de Varginha prend un tour dramatique. Chereze va tomber malade quelques jours plus tard, et mourir d’infection foudroyante le 15 février. L’un des témoignages les plus importants est celui du Dr Cesário Lincoln Furtado, qui avait tenté en vain de le soigner. Un autre témoignage médical de première importance est celui d’un membre de l’équipe qui a dû opérer d’urgence la créature, le soir même à l’hôpital Régional, sous étroit contrôle militaire, et dans le plus grand secret. Grâce à Ubirajara Rodrigues, le Dr Leir a pu le rencontrer en 2003 et c’est l’une des révélations majeures qu’il raconte dans son livre. Celui-ci a requis, avant de parler, le respect d’un strict anonymat. Je vais revenir plus loin, dans une seconde partie, sur ces deux témoignages qui renforcent beaucoup toute l’histoire, mais qui, dans le même temps, la rendent plus étrange encore. Car l’une des questions qui se posent, évidemment, est celle de la nature de ces êtres, qui sont quand même de drôles d’astronautes « extraterrestres », déambulant dans les rues d’une petite ville brésilienne, nus et sans armes, et se laissant prendre sans résister. On est loin de l’imagerie classique de science-fiction, avec pistolets laser et moyens sophistiqués de communication !

Deux autres créatures capturées par des militaires

Les enquêteurs vont découvrir un autre épisode qui s’est déroulé, dans le vallon boisé séparant les quartiers de Jardim Andere et de Santana, toujours dans cette journée du samedi 20 janvier. C’est celui de la capture de deux autres créatures dans le même petit bois, cette fois par une patrouille militaire, selon un témoin civil qui a pu les observer. C’est un avocat qui passait par là en faisant son jogging. Il a raconté aux enquêteurs qu’il a vu, entre 13 h 30 et 14 h du même jour, une patrouille de sept soldats armés se déployer dans le vallon, sur le terrain découvert qui se trouve à l’est du petit bois. Deux d’entre eux avaient des fusils automatiques, et les autres des armes de poing. Deux soldats portaient aussi des boîtes, ou valises, en aluminium. Le jogger s’est demandé ce qu’ils faisaient là. Restant prudemment à distance, il les a vus avancer dans la prairie, en formation en V. Ils ont d’abord inspecté un petit bosquet d’arbres juste à côté de la voie ferrée, où ils n’ont apparemment rien trouvé, puis ils se sont dirigés vers le bois. Le témoin s’est éloigné vers le quartier de Santana mais, une minute ou deux plus tard, il a entendu distinctement trois coups de feu. Très intrigué, ils est revenu dans la rue surplombant le bois, où se trouvaient un camion militaire en stationnement et des soldats. A ce moment, quatre soldats sont sortis du bois, portant deux grands sacs. Il lui a semblé que l’un des deux sacs était agité comme s’il contenait une créature vivante. Les soldats ont remonté difficilement la pente avec leur lourd fardeau, les sacs ont été chargés à bord du camion et tout le monde est parti rapidement. Probablement vers la base de l’ESA, comme le camion précédent deux heures plus tôt.



La route et le vallon


Ainsi, nous avons un scénario assez cohérent sur la découverte de plusieurs êtres, le même jour et presque et dans le même quartier : un être capturé par les pompiers le matin du 20 janvier ; deux êtres, par des militaires en début d’après-midi ; un autre être vu par les jeunes filles dans l’après-midi, puis sa capture, probablement, par les deux policiers le soir. Au total, ce seraient quatre êtres qui auraient été capturés le 20 janvier dans ce coin de banlieue de Varginha! Les informations fournies par les témoins se recoupent bien. En particulier pour la description de l’être, qui est pratiquement identique à celle des jeunes filles, et il va en être de même avec d’autres témoins.

Des témoins de transports militaires

Vitório Pacaccini a rencontré d’autres témoins militaires, à Três Corações. L’un d’eux est venu chez lui, à trois heures du matin avec sa femme. Il lui a expliqué le fonctionnement des services secrets, ou « S-2 », impliqués dans cette affaire, qui se déplacent discrètement en civil, roulent dans de vieilles voitures et se fondent dans la population. N’oublions pas que, quelques années plus tôt, le Brésil avait encore un gouvernement militaire. A l’ESA, ils disposent d’un bâtiment très sévèrement gardé. Même les officiers de l’armée régulière n’y ont pas accès. Comme, en plus, l’opération de Varginha a eu lieu pendant le week-end alors que la base était presque vide, ils ont pu entrer et sortir très discrètement.

Un autre témoin militaire lui dit avoir participé directement à une capture, et il cite des noms. Ce témoignage important, recueilli par Pacaccini avec un autre ufologue, Marco Petit, est enregistré sur vidéo. Il en sera de même avec d’autres témoins et des copies des vidéos seront mises en lieu sûr. Des extraits de ces enregistrements figurent dans une cassette intitulée « Rencontres extraterrestres » qui a été publiée en 1998 dans la série « Dossiers OVNI ». Un autre témoin militaire confirme que toute l’opération est restée très secrète, même à l’intérieur de la base. Sur les 3 000 hommes présents sur cette base, pas plus de 2% sont au courant. Pourtant, plusieurs autres témoins ont parlé. Deux d’entre eux, en particulier, disent avoir participé à la capture et au transport des êtres. Selon l’un d’eux, il y aurait eu encore une autre capture, tout simplement par le convoi militaire arrivant à Varginha, au bord d’une route ! Mais cette information ne semble pas confirmée.

Au total, ces témoins ont fourni plusieurs noms de militaires impliqués dans les événements : le lieutenant-colonel Olímpio Vanderlei, le capitaine Ramires, le lieutenant Tibério (de la police militaire), et le sergent Pedrosa ; ils ont aussi donné les noms de trois conducteurs de camions : le caporal Vasalo, le soldat Cirilo et le sodat De Mello. Ils ont été conduits par un lieutenant de S-2 à l’hôpital Humanitas. Que s’est-il passé là ?

Un être mort à l’hôpital Humanitas

Selon ces témoins militaires anonymes, un convoi de trois camions est arrivé à l’hôpital Humanitas, venant de Três Coraçoes, le lundi 22 au soir. Des témoins civils du quartier ont remarqué ce manège inhabituel. A leur arrivée, il y avait déjà du monde rassemblé à l’entrée latérale. Les témoins disent avoir vu plusieurs médecins, des policiers militaires, deux agents des services secrets S-2, attroupés autour d’une boite en bois posée sur deux chevalets, dans laquelle était placé le cadavre de l’un des êtres. Détail étonnant, l’un des médecins a extrait avec une pince la langue, longue, noire et élastique, de la créature. Lorsqu’il l’a lâchée, elle s’est rétractée aussitôt dans sa bouche ! La boite a été recouverte d’une bâche en plastique et chargée à bord d’un camion. Il planait sur la scène une forte odeur d’ammoniac. On a beaucoup insisté sur cette odeur, rapportée aussi par un chauffeur militaire qui l’a remarquée pendant le transport. Ce détail a été monté en épingle, par exemple dans un article du Wall Street Journal, qui a titré le 12 juillet 1996 : « Une histoire d’extraterrestres malodorants agite les ufologues au Brésil ». Mais peut-être que le cadavre se décomposait rapidement, et que en plus les médecins l’avaient badigeonné d’un puissant antiseptique ? La question reste non élucidée, mais il n’est pas du tout certain que les êtres vivants dégageaient une telle odeur : les trois filles, censées l’avoir remarquée elles aussi, l’on nié par la suite lorsque le Dr Leir les a interrogées, de même que des personnels médicaux dont nous allons parler plus loin (en seconde partie). Voilà comment on interprète abusivement un détail propre à tourner une histoire en ridicule.

Le convoi militaire est arrivé à Três Corações sans encombre le lundi 22 janvier au soir. Un nouveau convoi est reparti le lendemain, à 16 h, cette fois en direction de la ville de Campinas, à 320 km au sud, dans la l’Etat de Sao Paulo, toujours avec trois camions. Leur destination était d’abord un camp militaire, sans doute l’Ecole d’Elèves Officiers. Puis les êtres, vivants ou morts, auraient été livrés à un grand établissement universitaire, « Unicamp », réputé pour la recherche médicale et biologique. Selon un témoin à Campinas, une autopsie y aurait été faite par un médecin légiste connu, le Dr Badan Palhares. Cependant, celui-ci a nié publiquement toute participation (voir seconde partie).

Une explication ridicule des militaires à l’ESA

L’histoire des enquêtes sur Varginha comporte un épisode franchement comique, celui des explications fournies par les militaires de l’ESA, à Três Corações, aux journalistes britanniques qui ont filmé en 1998 la vidéo, citée plus haut, de la collection « Dossiers OVNI ». On y voit un officier du nom de Calza (nom visible sur son uniforme) fournir deux explications successives pour les observations de créatures à Varginha. Il suppose d’abord que les gens ont vu, à l’hôpital Régional, un couple de nains dont la femme était enceinte ; puis il fournit une seconde explication, quand les journalistes reviennent quelques jours plus tard : il y avait un nain handicapé mental, au physique très particulier, dans le quartier de Jardim Andere. Pendant l’orage, il s’était peut-être blessé et réfugié dans le terrain vague où l’avaient aperçu les jeunes filles ! Cela fait beaucoup de nains. Ces explications font désormais partie du folklore ufologique, au même titre que les explications américaines, présentées sans rire en 1997, selon lesquelles les gens de Roswell qui croyaient avoir vu des cadavres d’extraterrestres, en juillet 1947, avaient vu en fait des mannequins en bois utilisés pour des essais de parachutes dans les années 50 ! Une chose est certaine, les principaux enquêteurs de l’affaire de Varginha ont été étroitement surveillés, leurs téléphones mis sur écoute, et ils ont même reçu des menaces physiques. Un témoin militaire de l’ESA a raconté que le seul fait de citer le nom de Pacaccini pouvait valoir dix jours de prison !




Oralina de Freitas




Eurico de Freitas


Les deux fermiers remarquent que l’appareil semble en difficulté, se déplaçant lentement, avec une sorte de roulis, à seulement cinq ou six mètres au dessus du sol. Il ne semble pas faire de bruit - mais il est peut-être couvert par le bruit des animaux - et il est plutôt petit, de taille comparable à un minibus. Il y a une grosse déchirure sur le côté, d’où s’échappe de la fumée, ou de la vapeur, grise. A l’arrière, semblent flotter des sortes de débris qui s’effilochent. L’engin était si lent qu’ils ont pu l’observer pendant trois quarts d’heure, avant de le voir disparaître derrière une colline à environ 700 m de là, en direction de Varginha. Est-il allé s’écraser dans les environs ? Quoi qu’il en soit, leur témoignage est renforcé par un autre témoin, celui d’un étudiant, Hildo Lucio Galdino, qui habite dans une chambre non loin de la ferme. Sa chambre est au rez-de-chaussée et, lorsqu’il ouvre sa fenêtre, ce matin-là peu après 8 h, il a un choc en découvrant un être bizarre, accroupi près de l’entrée. Le lecteur perspicace a déjà deviné que sa description ressemble en tous points à celle des autres créatures observées à Varginha : de petite taille, environ 1,20 m à 1,50 m, sans vêtements, la peau huileuse brun foncé, grosse tête sans cheveux, petite mains avec trois longs doigts. La créature s’est enfuie en courant lorsqu’il l’a appelée. Le témoignage des deux fermiers est l’un de premiers à avoir été recueillis par Ubirajara Rodrigues, seulement six jours plus tard. Ce détail est important car la date de leur observation est de ce fait quasi certaine, alors qu’il y a une incertitude sur la date d’une autre observation que nous allons voir maintenant.




Dessin de l’ovni


Le témoignage de Carlos de Souza

Neuf mois après l’incident de Varginha, un autre témoin s’est fait connaître, un commerçant du nom de Carlos de Souza, qui serait un témoin direct du crash d’un ovni. Il dit avoir gardé longtemps le silence car on l’avait intimidé. Son témoignage est très intéressant mais il a donné initialement une autre date pour son observation, le 13 janvier. Cependant, après discussion avec les enquêteurs, il n’en était plus certain, et a admis que cela aurait pu se passer plutôt le 20 janvier. Nous allons y revenir, mais voici son histoire. Carlos, qui voyage beaucoup dans la région, avait quitté les environs de Saõ Paulo à quatre heures du matin, pour retrouver à Três Corações, à 250 km de là. Il roulait déjà près de cette ville, vers huit heures du matin, sur la route allant au Nord à Belo Horizonte, près du croisement avec la route reliant Varginha à l’ouest et Três Corações à l’est, lorsqu’il entend un curieux vrombissement qui l’inquiète un peu. Il s’arrête et découvre dans le ciel un engin bizarre en forme de cigare, qui vole lentement, à environ 60 à 80 km/h, à environ 30 m d’altitude, à l’ouest de la route. Il estime sa longueur de 9 à 12 m et sa hauteur de 4 à 5 m. L’engin semble mal en point, avec un grand trou vers l’avant, prolongé par une fissure sur le côté, comme s’il avait été atteint par un projectile (ou une météorite ? Ou un vulgaire débris spatial ? Sinon, une question vient à l’esprit, évidemment : qui a tiré ?). de cette fissure s’échappe une fumée blanche. Carlos de Souza, très excité, parvient à suivre l’engin pendant 16 km. Il voit l’engin se diriger vers des collines, puis plonger brutalement derrière l’une d’elles. Supposant qu’il s’est écrasé là, il parvient à s’en approcher par une petite route de terre, et atteint à pied le haut de la colline, vingt minutes plus tard. Là, il est stupéfait de découvrir, non seulement l’engin écrasé en contrebas, mais toute une équipe de militaires, déjà sur place, affairée à récolter de nombreux débris ! Il s’approche discrètement et commence à ramasser un débris, mais est remarqué et un soldat arrive, lui ordonnant sans ménagement de quitter les lieux. Très secoué, Carlos renonce à son rendez-vous et décide de rentrer chez lui. Il s’arrête en route, pendant plus de deux heures, dans un café, pour réfléchir et reprendre ses esprits. Or il est rejoint par des agents en civil qui l’abordent et lui expliquent longuement qu’il connaissent son identité (on a dû l’identifier par sa voiture) et que, s’il raconte ce qu’il a vu, il aura de gros ennuis. Pendant neuf mois, il n’en parlera qu’à sa femme et à deux amis, mais un article de Claudier Covo, dans un journal de Saõ Paulo, va le décider à parler. Covo le convainc de venir à Varginha, et ils vont visiter le lieu supposé du crash avec Ubirajara. Mais ils ne trouvent aucune trace, à part un terrain qui semble avoir été semé récemment de gazon. Une précision importante est que ce terrain est proche de la ferme d’Oralina et Eurico de Freitas. Et il n’est qu’à 11 km de Três Corações. S’est-il trompé simplement sur la date ? S’il a vu cela le 20 janvier, date du début de l’incident à Varginha, son témoignage peut coller avec les autres, bien qu’il ne laisse pas beaucoup de temps à ces êtres mystérieux pour franchir les quelques kilomètres les séparant de la banlieue est de Varginha, surtout si l’un d’eux avait une fracture ouverte à la jambe, comme on va le voir plus loin ! Mais il a peut-être une autre explication. D’autres témoins avaient vu un ovni du côté de la Rivière Verte, une zone boisée plus proche de Varginha. On peut imaginer que l’engin, avant de s’écraser, ait pu déposer des êtres à cet endroit. Il s’est peut-être passé pas mal de choses, entre 1 h et 8 h du matin. En l’occurrence, on a aussi le témoignage d’un fermier qui a dit avoir tué l’un de ces êtres à coup de fusil ! On voit qu’il y a encore quelques points à éclaircir dans cette affaire, pour le moins. D’autant plus que, pour compliquer le tout, les enquêteurs ont recueilli plusieurs témoignages de militaires qui disent avoir vu des débris d’un engin accidenté, apportés par camion à l’ESA, et c’était justement le 13 janvier ! Y aurait-il eu deux accidents successifs ? C’est encore plus difficile à croire. Cette date du 13 janvier n’aurait-elle pas été suggérée par mégarde à ces témoins ?

L’histoire se complique

Le mystère de Varginha s’est encore épaissi, avec de nouveaux témoignages sur des êtres qui auraient été aperçus plus tard, au cours des mois suivants. C’est l’une des parties les plus bizarres de tout le dossier, sur laquelle on se perd en conjectures. Le soir du 21 avril, trois mois après l’incident, une réception avait lieu, à l’occasion d’un anniversaire, au restaurant du zoo de Varginha. Vers 21 h, après le dîner, Mme Terezinha Clepf quitta la salle pour aller fumer tranquillement une cigarette dans la véranda, bordée par un épais fourré. Et là elle eut un choc en apercevant tout à coup une figure étrange qui semblait l’observer, à seulement quelques mètres d’elle. Elle n’a vu que sa tête mais sa description colle bien avec celle des êtres de Varginha. A un détail près, qui n’est pas sans intérêt : il portait une sorte de casque ! Stupéfaite et effrayée par cette vision d’un être aux gros yeux rouges, faiblement lumineux dans l’obscurité, Mme Cabral a rejoint son mari, mais lorsqu’ils sont revenus voir ensemble, l’être avait disparu. Que penser de cela ? Etait-ce un survivant du crash ? Un autre témoignage le donne à croire, celui de la directrice du zoo, Mme Lelia Cabral, qui a constaté durant cette période la mort inexpliquée de cinq animaux.

Un autre témoignage est celui d’un étudiant en biologie de 21 ans, Ildo Lucio Gordino, qui dit avoir vu un être au bord de la route allant de Varginha à Três Corações, le 15 mai vers 19 h 30. Il venait de ralentir dans un virage quand il a vu un étrange animal sur la route. Il a remis ses feux de route pour mieux voir. La créature s’est tournée vers lui et il a pu voir ses grands yeux rouges, mais elle s’est aussitôt protégé les yeux et s’est précipitée dans les fourrés. Quand Ubirajara et Pacaccini ont enquêté, ils ont découvert que ce lieu était tout proche de la ferme de Eurico et Oralina de Freitas. Si ces témoignages sont véridiques, il y avait encore des survivants trois et quatre mois plus tard, mais nul ne sait ce qu’ils sont devenus. Il n’est pas sans intérêt de signaler que, dans cette période, on a vu beaucoup d’ovnis dans la région…

Suite de l’article dans la seconde partie : « Varginha. D’importants témoignages médicaux »

____________________ (1) Dr Roger K. Leir, Des Extraterrestres capturés à Varginha au Brésil (Le Mercure Dauphinois, 2005)
(2) Sur le crash de Roswell, voir le livre de Gildas Bourdais, Le crash de Roswell (JMG Editions - Le Temps Présent 2009).

mardi 22 septembre 2009

A-t-on étudié des débris de Roswell à l'Institut Battelle ?



Gildas Bourdais, septembre 2009

La longue quête du Graal sur les études supposées après Roswell

Une nouvelle piste a été ouverte en 2009 sur les études supposées de débris provenant du crash d’un ovni près de Roswell en 1947. Il s’agit des fameuses feuilles à mémoire de forme, dont l’étude, menée secrètement dans un important centre de recherche, le Battelle Memorial Institute vers la fin des années 40, aurait conduit à la création d’un alliage spécial de Titane et de Nickel possédant des propriétés analogues.


Le Battelle Memorial Institute


Ce n’est pas la première révélation du genre, mais elle est peut-être plus sérieuse que d’autres. Les lecteurs qui ont suivi les enquêtes sur Roswell pendant les quinze dernières années se souviennent des révélations étonnantes du lieutenant-colonel Philip Corso, faites en 1997 dans son livre The Day After Roswell, l’année où fut fêté le cinquantenaire de l’incident à Roswell. Le colonel Corso a raconté qu’il avait initié l’étude secrète de débris provenant du crash de l’ovni de Roswell, en 1961 et 1962, alors qu'il était en poste au Pentagone à la Division des Technologies Etrangères. On se souvient aussi que ces révélations ont été très critiquées, comme je l’ai raconté dans mes livres sur Roswell et dans la revue LDLN (1), et cette piste des études secrètes sur les matériaux de Roswell a été quelque peu laissée de côté en attendant des révélations et confirmations plus solides.
En 1998, on a pu croire que s’ouvrait une nouvelle piste, avec des révélations faites par un certain Jack Shulman, directeur d’une petite entreprise d’informatique, l’American Computer Company (ACC) (2). Hélas, il a fallu rapidement déchanter lorsque l’intéressé a avoué peu après qu’il avait inventé son histoire pour se faire connaître ! Ironiquement, cette pseudo-révélation était encore prise au sérieux dans un live récent, Les sciences interdites, de Douglas Kenyon. Mentionnons au passage une autre « découverte » qui a fait long feu, celle d’une mystérieuse pierre gravée, censée avoir été trouvée dans la région de Roswell, et annoncée abusivement comme un « événement majeur » en 2009 (3). On voit que la prudence est recommandée face à de telles révélations, mais nous allons voir que cette nouvelle affaire semble plus sérieuse.

Sur ce terrain des rumeurs d’études secrètes, Il faut aussi rappeler la déjà longue histoire des révélations, non moins controversées, faites à partir des années 80 sur la création par le Président Harry Truman d’un groupe ultra secret, surnommé « Majestic 12 », ou MJ-12, pour étudier l’ovni et les cadavres récupérés à Roswell, et lors d’autres accidents. Dès lors que l’on admet comme probable la réalité du crash de Roswell, la création d’un tel groupe est une suite logique, et elle a d’ailleurs été confirmée, notamment, par le général Arthur Exon dans un entretien avec Kevin Randle (4). Le général Exon était bien placé pour en parler, ayant été en poste à la base de Wright Field en 1947, puis nommé commandant de la même base, de Wright-Patterson, en 1964. Il a confirmé à Kevin Randle en mai 1990, qu’avait bien été créé en 1947 un groupe très secret pour étudier tout ce qui avait été trouvé à Roswell : débris, ovni et cadavres. Il en avait appris l’existence indirectement mais de bonne source. Ces études étaient très compartimentées, à trois niveaux. Au sommet, un comité de direction (oversight committee) surveillait le travail d’ensemble, avec un premier groupe qui avait le contrôle, un groupe secondaire comprenant des aides et des assistants du premier groupe, et un troisième niveau où les tests étaient effectivement réalisés. Des études étaient confiées à l’extérieur, ce qui aurait été le cas pour les études faites au Battelle Institute. Le général Exon n’était pas certain que le nom «Majestic 12 » ou « MJ-12 » était le bon, ou du moins ce groupe avait pu changer de nom au cours du temps.
Cependant, les choses se sont obscurcies au cours des années 90 alors que des centaines de pages de documents ont été publiées, qui étaient censées émaner de ce groupe MJ-12. Mais leur origine reste obscure, et leur contenu controversé, souvent avec des erreurs facilement détectées (peut-être semées à dessein par certains agents de désinformation amplifiante ?). Signalons toutefois que quelques chercheurs, dont Stanton Friedman, continuent à soutenir l’authenticité d’au moins un petit nombre de documents. Toutefois, Le résultat global est que, à ce jour, l’incertitude demeure sur leur authenticité. Rappelons encore les révélations fracassantes, aussitôt contestées, d’un jeune physicien, Robert Lazar, sur sa participation, assez brève au demeurant, à l’étude très secrète d’ovnis à Groom Lake, dans la Zone 51. Lazar était peut-être sincère mais manipulé. Quoi qu’il en soit, ses révélations n’ont pas peu fait pour mettre en doute ces rumeurs d’études secrètes. Revenons vite à cette nouvelle piste, qui semble plus sérieuse, d’études supposées de débris issus du crash de Roswell.

Les investigations d’Anthony Bragalia sur des études au Battelle Institute

Dans leur livre Witness to Roswell, plus précisément dans la seconde édition, parue en juin 2009 (5), Tom Carey et Donald Schmitt ont donné la parole à un collègue enquêteur, Anthony Bragalia, qui dit avoir découvert des documents indiquant que des études auraient été menées secrètement, à partir de 1948, sur les fameuses feuilles métalliques à « mémoire de forme » que l’on aurait trouvées parmi les débris du crash de Roswell. Rappelons que, parmi les différents matériaux que plusieurs témoins disent avoir eu en main lors de l’incident de Roswell en 1947, l’un des plus remarquables consistait en des feuilles métalliques très minces, légères et lisses, que l’on ne pouvait ni couper ni percer, et qui reprenaient leur forme après avoir été froissées.
Disons-le clairement : les éléments révélés par Anthony Bragalia et d’autres enquêteurs n’apportent pas une preuve décisive sur l’authenticité des débris de Roswell, ce que ne manquent pas de souligner les sceptiques qui sont naturellement déjà au rendez-vous pour mettre en doute son travail, notamment sur Internet. En revanche, ils constituent les pièces d’un puzzle qui esquisse un scénario crédible d’études très secrètes sur ces feuilles à mémoire de forme. L’enquête n’est d’ailleurs pas finie et elle va probablement apporter de nouveaux éléments. Bragalia a fait le point de ses recherches récemment, dans les colonnes du Mufon UFO Journal (6). Il y est présenté brièvement comme étant le directeur d’un bureau d’études pour les « industries scientifiques », qui a aidé discrètement, depuis de nombreuses années, les enquêteurs à la recherche de la vérité sur Roswell. C’est élogieux mais bref, et l’on aimerait en savoir plus. Dans leur livre Witness to Roswell, Carey et Schmitt le citent comme un « associé », et un « homme d’affaires indépendant » qui les a aidés dans leurs enquêtes.
Selon Anthony Bragalia, des études auraient été menées secrètement au Battelle Memorial Institute dès la fin des années 40, qui auraient joué un rôle important dans la création d’un alliage aujourd’hui bien connu, le Nitinol, composé de titane et de nickel et possédant des propriétés analogues à ces feuilles à mémoire de forme. Le Battelle Institute est un centre réputé de recherches techniques, notamment dans le domaine de la métallurgie, situé à Columbus dans l’Ohio, non loin de la fameuse base de Wright-Patterson où se trouvent les services techniques de l’armée de l’Air, et où il est à peu près certain qu’ont été menées des études secrètes sur les ovnis. Le Battelle Institute a mené, depuis sa création dans les années 30, des études importantes pour les armements, y compris pour la bombe atomique. Il est intéressant de rappeler que c’est également au Battelle Institute que fut réalisée au début des années 50, pour le compte de l’armée de l’Air américaine, une remarquable étude statistique sur les observations d’ovnis. Cette étude, menée sous la direction du Dr Howard Cross, fut publiée plus tard sous le titre de « Rapport 14 » de la commission Livre Bleu ( Blue Book), et elle est encore aujourd’hui un document de référence en faveur de la réalité des ovnis.
Un autre épisode intéressant, à rappeler ici, est celui du rôle qu’avait joué le Battelle Institute, à la même époque, dans la préparation d’une importante réunion scientifique, connue sous le nom de « Commission Roberstson », qui fut réunie au début de 1953 par l’Air Force et la CIA. Le même Dr Howard Cross avait écrit une lettre de recommandations à l’Air Force, dont une copie avait été conservée par son conseiller scientifique Allen Hynek. Jacques Vallée, qui était alors son assistant, avait découvert cette lettre confidentielle, qu’il a baptisée « Mémo de Pentacle », et il en a fait tout une histoire, croyant qu’elle était à l’origine de toute une politique de désinformation avec des mises en scène de faux ovnis. Mais des ufologues américains, notamment du CUFOs, ont complètement réfuté cette thèse, comme je l’explique dans un autre article, que l’on trouvera sur ce blog à :
http://bourdais.blogspot.com/2001/04/jacques-valle-et-le-mmorendum-de.html


La base de Wright-Patterson, dans l’Ohio


Anthony Bragalia raconte qu’il a trouvé les premières pièces du puzzle sous la forme de références, citées dans des documents militaires déclassifiés, à deux études métallurgiques faites au Battelle Institute dès la fin des années 40, qui semblent bien être à l’origines des études faites ensuite pour créer le Nitinol. Or, selon l’histoire « officielle », les études sur cet alliage n’auraient commencé qu’au début des années 60. Citons Bragalia :
« Mes propres recherches ont confirmé que les études sur le Nitinol avaient en réalité commencé chez Battelle juste après le crash de Roswell - et non au début des années 60. Et c'est la base de Wright-Patterson (où les débris du crash avaient été transférés) qui leur attribua le contrat de cette recherche secrète. Ce point est confirmé par une annotation que l'on trouve dans une étude réalisée par l'un des inventeurs "officiels" du Nitinol à l'U.S. Naval Lab. Dans ce rapport militaire sur le Nitinol, l'auteur se réfère à une étude de Battelle datée de 1949 où il est clairement question de la purification du Titane et du Nickel. La citation mentionne un "diagramme de phase" qui détaille le processus et explique comment réussir l'alliage des deux métaux. En suivant précisément ces directives, on peut réaliser le Nitinol à mémoire de forme. Il est possible mais pas certain que les co-inventeurs "officiels" du Nitinol aient ignoré que les propriétés de l'alliage avaient été découvertes dans l'étude des débris de Roswell. On n'a trouvé que trois autres références sur cet alliage de Titane et de Nickel dans les rapports de Battelle. A chaque fois, ce ne sont que des notes en bas de page - et seulement dans les études sur les métaux conduites sous les auspices de l'armée américaine ».
Anthony Bragalia donne quelques précisions sur la création du Nitinol. On considère habituellement qu’il a été découvert "par hasard" au début des années 60 dans les labos de l'U.S. Naval Ordnance, situés dans le Maryland, et que ses co-inventeurs sont les Drs. Wang et Buehler. Mais la véritable histoire du Nitinol a été volontairement dénaturée, et elle ne tient pas route, soutient Bragalia. Dès la fin des années 40, c’est le Dr. Howard Cross, expert métallurgiste de l'Institut Battelle, qui avait fourni l'information nécessaire sur le Titane à l'US Naval Lab. Et c'est ce laboratoire qui a officiellement mis au point le Nitinol dix ans plus tard. L'un des problèmes qui apparait tout de suite dans l'histoire "officielle" du Nitinol est l'année précise de sa découverte, qui est variable selon les sources, de 1959 à 1963. Même les co-inventeurs officiels, William Buehler et Frederick Wang, avaient évoqué différentes années alors qu'ils travaillaient au Naval Lab. Les revues scientifiques et les articles de la grande presse indiquent des années différentes. Bragalia raconte que, lorsqu’il a posé la question à Wang, celui-ci a ri de manière bizarre et a reconnu qu'il n'était pas très sûr de l'année, en ajoutant qu'il lui faudrait y réfléchir !

Il faut avouer que les premiers éléments d’enquête recueillis par Anthony Bragalia semblent plutôt minces – quelques notes de bas de page dans des documents militaires – renvoyant à deux études de Battelle intitulées « Progress Report » 1 et 2. Mais le mystère de la création du Nitinol s’est alors épaissi. Bragalia, aidé du journaliste Billy Cox, du Saratosa Herald Tribune, a essayé pendant une année entière d’obtenir copie de ces documents, mais ils étaient introuvables, aussi bien dans les archives du Battelle Institute que dans celles de la base de Wright-Patterson, malgré les efforts conjoints des conservateurs, qui ont avoué leur perplexité. Les recherches ont échoué également au grand centre d’archives techniques de la Défense (DTIC : U.S. DOD’s Defense Technical Information Center). Sur le conseil de Billy Cox, Tony Bragalia a alors posé une demande en application de la loi FOIA (Freedom of Information Act). Et voici que, après une assez longue attente, le « Progress Report » Numéro 2 a fait surface, comme par miracle !
Son titre complet est : "Second Progress Report Covering the Period September 1 to October 21, 1949 on Research and Development on Titanium Alloys Contract No. 33 (38)-3736." Il a pour auteurs "Simmons, C.W.; Greenidge, C.T., Craighead, C.M. et autres". Il a bien été remis en 1949 à la Direction technique de l’armée de l’Air qui l’avait commandée (Wright-Patterson Air Materiel Command). Il semble que la version divulgué soit incomplète, mais elle contient bien des données scientifiques clés, ouvrant la voie à la création du Nitinol, en particulier des « diagrammes de phase » (phase diagrams) nécessaires pour fabriquer l’alliage particulier de titane et de nickel. Autrement dit, ce document prouve que les études étaient déjà bien avancées en1949, contredisant ainsi l’histoire officielle qui fait démarrer les études au début des années 60. Il est intéressant de noter que les scientifiques signataires du rapport étaient étroitement associés avec le chef métallurgiste de Battelle, spécialiste du Titane, le Dr. Howard Cross, déjà mentionné. Les scientifiques ont continué à produire des rapports sur la métallurgie exotique, en couvrant des domaines comme "les métaux et la superplasticité", "la transformation des métaux", et "les microstructures des métaux". Précisons que, pour crééer le Nitinol, il fallait obtenir des composant d’une grande pureté. Or l’institut Battelle, qui était en pointe en matière de métallurgie, était le seul à l’époque à posséder un four à haute température adéquat pour obtenir ce résultat. Il reste d’autre part à retrouver le « Progress Report » Numéro 1, lequel pourrait dater de l’année précédente, 1948, c'est-à-dire de l’année suivant Roswell… Mais des sceptiques doutent déjà de son existence, en dépit des références qui y sont faites. On voit cependant que le puzzle prend tournure, et il est temps d’y ajouter une autre pièce intéressante, le témoignage d’un ingénieur qui avait révélé à des proches avoir participé à cette étude.

Le témoignage de l’ingénieur Elroy John Center

Toujours selon Anthony Bragalia, un ingénieur du Battelle Institute, Elroy John Center, a reconnu qu'il avait analysé un métal provenant d'une épave d'ovni alors qu'il était employé par Battelle. Center avait travaillé comme expert-chimiste pour Battelle pendant près de vingt ans, de 1939 à 1957. Ceci nous a été confirmé, dit Bragalia, à la fois par les registres de l'Université du Michigan et par les articles scientifiques qu'il avait publié du temps où il travaillait pour Battelle. Ingénieur chimiste diplômé, Center avait rédigé des articles publiés dans des revues de haut niveau. Il, avait fait des analyses chimiques de métaux, des études sur la « micro-identification » des métaux dans des alliages, et sur l'analyse spectroscopique de matériaux particuliers. Center avait le profil idéal pour être impliqué dans les premières études sur les débris de Roswell. Il avait mis au point une technique d'analyse des métaux très innovante qui est signalée dans plusieurs études concernant "l'identification polygraphique du Titane" dans des alliages. Or il faut du Titane spécialement préparé pour fabriquer du Nitinol semblable au "métal à mémoire" de Roswell.

Elroy John Center


Les membres de la famille de Center ont confirmé qu'il s'intéressait beaucoup aux ovnis et à la vie extraterrestre. En mai 1992, le Dr. Irena Scott de Columbus, Ohio, chercheuse et historienne réputée (qui avait aussi fait partie de l'équipe des scientifiques de Battelle) avait interviewé un proche partenaire professionnel d'Elroy Center. Elroy lui avait confié qu’il avait été impliqué dans un très étrange programme de laboratoire. Ses supérieurs lui avaient demandé de participer à une étude hautement classifiée de l'Institut, qui faisait l'objet d'un contrat du gouvernement. Le projet consistait à travailler sur un matériau très inhabituel. Center avait compris que ces fragments de matériau avaient été récupérés par le gouvernement américain à la suite d'un crash d'ovni. Center parlait de l'échantillon qu'il était chargé d'étudier comme d'un "morceau". Il avait expliqué que ce "morceau" était d'une nature totalement inhabituelle. Il déclara également que d'étranges symboles, qu'il appelait des "glyphes", étaient inscrits sur ces fragments. Divers témoins des débris du crash de Roswell ont bien sûr parlé de telles inscriptions. Center ne pourra nous fournir d'autres indications, étant décédé en 1991.

Espérons que Tony Bragalia, et peut-être d’autres enquêteurs, parviendront à trouver de nouveaux documents, et à recueillir de nouveaux témoignages susceptibles de renforcer cette histoire. Mais elle est bien intéressante, en l’état, et elle vient s’ajouter aux témoignages et documents déjà connus sur les études secrètes de matériaux liés peu ou prou aux ovnis.

_______________________________
Notes
(1) Gildas Bourdais, Le crash de Roswell. Enquête inédite (JMG – Editions Le temps présent, 2009), et Roswell. Enquêtes, secret et désinformation (JMG, 2004). Voir également mon article dans la revue Lumières dans la Nuit (LDLN, numéo 348, avril 1998).
(2) Les « révélations » de Jack Shulman ont été présentées notamment dans la revue américaine UFO Magazine, Volume 13, No 2, de mars-avril 1998. Elles ont été démenties dès le mois de juillet de la même année.
(3) Article « La pierre de Roswell », dans la revue Monde Inconnu février-mars 2009.
(4) Kevin Randle, The Truth about the UFO Crash at Roswell (Evans and Company, New York, 1994), chapitre 9 : “The Wright Field Connection”. Voir aussi The Roswell Encyclopedia, Harper Collins, 2000.
(5) Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell. Unmasking the Government Biggest Coverup. Deuxième édition, 2009, Newpage Books, The Career Press, New Jersey.
(6) Anthony Bragalia, article « Roswell debris inspired memory metal Nitinol; lab located, scientists named », in Mufon UFO Journal, No 495, juillet 2009.