mardi 8 janvier 2013

Le Rapport COMETA et Wikipédia





Le Rapport COMETA et Wikipédia



Le Rapport COMETA maltraité sur Wikipédia


L’encyclopédie Wikipédia est une belle réalisation en général, mais qui a un parti pris fortement sceptique sur les ovnis. Il semble que ce soit aussi le cas sur d’autres sujets considérés comme « irrationnels », et dès lors mal vus dans le monde intellectuel et scientifique, mais ne nous engageons pas dans un aussi vaste débat. Ayant pris la défense du rapport du COMETA, intitulé Les OVNI et la Défense. A quoi doit-on se préparer ?, lors de sa publication en juillet 1999, pour répondre à certaines critiques virulentes de sceptiques, j’y ai gardé quelques amis. Or ceux-ci m’ont signalé récemment un article sur Wikipédia présentant leur rapport de manière sceptique et biaisée. L’ayant constaté moi-même, j’ai essayé d’y apporter deux corrections modérées pour rétablir un équilibre, mais elles ont été aussitôt censurées, à trois reprises par une main anonyme. Je me suis alors inscrit à Wikipédia et j’ai demandé de l’aide en expliquant la situation, mais un administrateur m’a juste conseillé de me mettre d’accord avec le censeur anonyme ! J’ai compris qu’il n’y avait pas grand chose à faire dans une telle galère, et je vous propose donc ici mon propre article, s’inspirant de mon livre de 2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?.




Couverture de l’édition initiale de 1999



Pour bien comprendre ce blocage sur Wikipédia, voici les deux petites corrections que j’ai tenté, sans succès, d’ajouter à l’article, après quoi je vous invite à lire ici le mien.
J’ajoute que, ayant revisité l’article, j’ai vu qu’il a été élagué mais comporte encore des remarques&nbsp dépréciatives.


Voici mes deux corrections, en gras, retoquées anonymement sur Wikipédia, telles qu’insérées dans le texte de l’article :


1) Tentative de corriger deux citations dépassées, voire erronées:


L'association prétend sensibiliser les pouvoirs publics au phénomène OVNI, et cela alors que le rapport Condon conclut à l'absence de preuves de l'existence d'engins extraterrestres et que le SEPRA assimile les cas ovni à des rentrées de satellites.
Cependant, le SEPRA a été remplacé en 2005, au CNES, par le GEIPAN qui a admis, la même année, un pourcentage de 13 % d'observations inexpliquées (les « PAN D »), et même plus par la suite. Il est aujourd’hui évalué à 22% sur le site du GEIPAN. Cela est expliqué sur le site web du CNES ainsi que par M Yves Sillard, ancien directeur du CNES, et président du comité de pilotage du GEIPAN, dans son introduction au livre collectif qu'il a dirigé: Phénomènes aérospatiaux non identifiés (Le Cherche Midi, 2007).


2) Ma tentative de corriger l’image outrageusement négative donnée dans l’article (en gras):


Quelques personnes privées amateures d'ovni ont envoyé au Président de la République Jacques Chirac et au Premier Ministre Lionel Jospin en 1999 un rapport privé appelé « rapport COMETA » et cela sans qu'aucune demande de leur part n'ait été faite. L'opération médiatique ainsi réalisée a permis de le lancement d'un ouvrage à sensation intitulé Les OVNI et la Défense : À quoi devons-nous nous préparer ? Le 16 juillet, il a fait l'objet d'un hors série du magazine VSD, un tabloïd français. Aucune suite n'a été donnée à ce document et aucune source scientifique secondaire ne cite ce document.
Cependant, le rapport COMETA a été publié, pendant un certain temps, sur le site du GEIPAN, le nouveau service du CNES. Il a eu un grand retentissement à travers le monde et est référencé dans de nombreux livres, sites web et articles, dont celui, déjà cité, d'Yves Sillard. Aux Etats-Unis, il faut citer au moins le livre de Leslie Kean : "UFOs. Generals, pilots and government officials go on the record" (Harmony Books, 2010) dans lequel figure un entretien avec le général Letty.



Mon article sur le Rapport COMETA



Voici maintenant mon article sur le Rapport COMETA, reprenant en partie mon livre de 2010 Ovnis. Vers la fin du secret ?, article que je n’essaie même pas de passer sur Wikipédia.


Un événement inattendu s’est produit en France en 1999. Sans la moindre annonce préalable, paraissait en kiosque le 16 juillet 1999 un rapport de 90 pages sur les ovnis, intitulé Les ovnis et la défense. À quoi doit-on se préparer ? Ce document, publié en pleine période de vacances, était à vrai dire plutôt austère, tant dans sa mise en page que dans son contenu. Signé collectivement par des personnalités de haut niveau, notamment des généraux et des ingénieurs généraux de l’Armement, ce rapport était diffusé, pour des raisons pratiques, en tant que numéro hors série du magazine populaire VSD.
Précisons qu’il est toujours disponible, réédité en livre (en deux versions : Editions du Rocher, et livre de poche J’ai Lu).





Couverture du livre aux Editions du Rocher



En fait, on apprenait qu’il avait été d’abord remis au Président de la République Jacques Chirac et au Premier Ministre Lionel Jospin, quelque temps auparavant. Pour l’essentiel, ce rapport affirmait que les ovnis sont une réalité, qu’ils sont vraisemblablement d’origine extraterrestre, et qu’il faut prendre l’affaire très au sérieux, à tous points de vue. Non seulement en matière de défense nationale, thème principal du dossier, mais plus généralement parce qu’elle intéresse tous les aspects majeurs de notre civilisation : scientifique, historique, philosophique et religieux. L’impact médiatique du sujet n’était pas ignoré, et ces experts habitués au secret militaire recommandaient une certaine prudence gouvernementale en la matière. En revanche, ils mettaient en question très clairement la politique du secret toujours en vigueur aux États-Unis et c’était là, peut-être, le point le plus difficile à faire admettre.


Les auteurs, le COMETA et les liens avec l’IHEDN


L’étude avait été menée pendant trois ans par un groupe indépendant constitué d’anciens auditeurs du très sérieux Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), et d’experts qualifiés dans divers domaines, qui s’étaient réunis dans une association indépendante appelée “COMETA”, ce nom signifiant “Comité d’études avancées”.
Tout d’abord, le rapport était préfacé par deux personnalités importantes : André Lebeau, ancien président du Cnes (Centre national d’études spatiales), l’équivalent français de la NASA, et le général d’armée aérienne Bernard Norlain, ancien directeur de l’IHEDN.



Le général Bernard Norlain, ancien directeur de l’IHEDN






Le général de l’armée de l’Air Denis Letty

Puis le général Denis Letty, de l’armée de l’Air (lui aussi ancien de l’IHEDN), qui avait présidé les travaux du groupe, présentait quelques uns de ses membres :

– Le général Bruno Lemoine, armée de l’Air (ancien auditeur de l’IHEDN)
– L’amiral Marc Merlo (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Michel Algrin, docteur d’état en sciences politiques, avocat (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Le général Pierre Bescond, ingénieur en armement (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Denis Blancher, commissaire principal de police, ministère de l’Intérieur
– Christian Marchal, ingénieur en chef du corps des Mines, directeur de recherche à l’ONERA (Office national pour l’étude et la recherche aéronautique)
– Le général Alain Orszag, docteur en physique et ingénieur en armements.


Le comité exprimait aussi sa gratitude à des personnalités indépendantes,
dont :
– Jean-Jacques Velasco, responsable du SEPRA au Cnes
– François Louange, président de Fleximage, spécialiste en analyse photographique
– le général Joseph Domange, de l’Armée de l’Air, délégué général de l’Association des Auditeurs de l’IHEDN.


Le général Norlain expliquait ensuite dans sa préface comment était né ce comité. Le général Letty était venu le voir en mars 1995, lorsqu’il était directeur de l’IHEDN, pour discuter d’un projet de comité sur les ovnis. Norlain l’avait assuré de son intérêt pour la question et lui avait recommandé de contacter l’Association des auditeurs de l’IHEDN. Celle-ci lui donna alors son appui pour mettre en œuvre son projet de comité d’études. Il est utile de rappeler ici qu’il y a 20 ans, ce fut un rapport de l’IHEDN qui déboucha sur la création du GEPAN, la première entité d’étude sur les ovnis au Cnes.
Les membres du comité anciens auditeurs de l’IHEDN furent rejoints par d’autres experts. Les uns et les autres occupent ou ont occupé d’importantes fonctions à la défense, dans l’industrie, l’enseignement, la recherche ou diverses administrations centrales. Le général Norlain formulait le vœu que ce rapport aide à développer de nouveaux efforts nationaux, et une coopération internationale indispensable.
On a reproché à ce rapport d’avoir été indûment présenté comme émanant de l’IHEDN, mais si on lit bien le texte, l’indépendance du COMETA y est clairement indiquée.



Le contenu du rapport du COMETA


Le thème principal du rapport, souligné par le général Letty dans son préambule, était que l’accumulation d’observations bien documentées nous oblige à considérer toutes les hypothèses sur l’origine des ovnis, en particulier des origines extraterrestres. Le rapport lui-même s’articulait en trois parties, suivies de quelques annexes.

Une première partie présentait quelques cas remarquables, français et étrangers. Une seconde partie décrivait l’organisation de la recherche actuelle, principalement en France, puis plus brièvement à l’étranger, ainsi que les études conduites par les scientifiques du monde entier, qui pourraient donner des explications partielles en accord avec les lois de la physique connues. Les principales hypothèses étaient ensuite passées en revue, depuis celle d’une confusion avec des engins secrets jusqu’aux manifestations extraterrestres. La troisième partie examinait les mesures à prendre concernant la défense, depuis l’information des pilotes, civils et militaires, jusqu’aux conséquences stratégiques, politiques et religieuses, dans le cas où l’hypothèse extraterrestre se confirmerait.
Voyons, très résumés, les arguments qui étaient présentés.


Partie I : Faits et Témoignages


Le COMETA a mis l’accent, avec raison, sur les témoignages de pilotes, tels que le colonel René Giraud, pilote de Mirage IV qui avait été littéralement pris en chasse par un ovni en 1977.





Mirage IV pris en chasse par un ovni (dessin de Joël Mesnard)



Plusieurs cas étrangers étaient ensuite évoqués, qu’on peut dire très solides en dépit
de certaines polémiques alimentées par les sceptiques tels que l’Américain Philip Klass :


Lakenheath (cas célèbre d’observation radar/visuelle au-dessus d’une base britannique en 1956) ;
RB-47 (autre cas célèbre d’un bombardier suivi par un ovni aux États-Unis en 1957) ; Téhéran (interception d’un ovni en 1976, confirmée par un document secret américain qui a été ensuite déclassifié) ;





Le général iranien Parviz Jafari a confirmé cette interception lors d’une conférence de presse à Washington en 2007



Russie (interception d’ovni en 1990, confirmée par le général d’aviation Igor Maltsev);
San Carlos de Bariloche, Argentine (un avion de ligne empêché d’atterrir par un ovni, en 1995).


Le rapport citait ensuite des observations depuis le sol :
à Tananarive en 1954, gros ovni survolant la ville et éteignant les lumières sur son
passage, effet électromagnétique maintes fois observé au passage d’un ovni ;
observation d’une soucoupe près du sol par un pilote français, Jean-Pierre Fartek, en 1979 ;
observation rapprochée par plusieurs témoins au-dessus de la base de missiles russe de Kapustin Yar, près d’Astrakhan, en 1989.




Dessin de l’ovni vu à Kapustin Yar



Cette étude de cas se terminait avec quatre observations rapprochées en France, toutes solidement étudiées, notamment par des enquêtes de gendarmerie et du GEPAN:
Valensole (un ovni au sol avec de petits êtres, vus par le cultivateur Maurice Masse, en 1965);

Cussac, dans le Cantal (également un ovni au sol avec de petits êtres, en 1967) ;


Trans-en-Provence (observation célèbre dans le monde entier, avec atterrissage
d’un petit ovni en janvier 1981, laissant une trace circulaire au sol et effets sur les plantes qui furent étudiées par un laboratoire de l’INRA) ;



Schéma de l’observation à Trans-en-Provence, selon l’enquête du GEPAN



Nancy (connu sous le nom de l’ “affaire de l’Amarante”, également avec effets sur des plantes, en 1982).



Partie II : Le point des connaissances


La seconde partie, intitulée “Le point des connaissances”, décrivait d’abord l’organisation de la recherche officielle en France, mise en place en commençant par les premières instructions données à la gendarmerie en 1974 pour la rédaction des rapports, puis avec la création du GEPAN, au sein du Cnes, en 1977, lequel a rassemblé au fil des années un ensemble de plus de 3 000 rapports provenant de la gendarmerie, et a procédé à des analyses des cas et des études statistiques.
Nous allons voir plus loin la suite de cette histoire. Disons seulement ici que, après un excellent démarrage et quelques bonnes études de cas, le vent a tourné et son activité a été fortement réduite, ce qui a amené le COMETA à recommander son redéploiement. De fait, c’est bien ce qui a été décidé en 2005, avec la mise en place d’un nouvel organisme, baptisé GEIPAN.




Monsieur Yves Sillard, directeur du Cnes à l’époque de la création du GEPAN. Il préside aujourd’hui le comité d’orientation du GEIPAN.




Le chapitre suivant - “OVNI : hypothèses, essais de modélisation” – évoquait des modèles et hypothèses sur la physique des ovnis, un aspect intéressant particulièrement, on s’en doute, les experts militaires que sont les auteurs du COMETA. Dans le même chapitre, étaient étudiées les “hypothèses globales” susceptibles d’expliquer les observations. Les mystifications sont rares et aisément détectables, estimait le COMETA. Quelques hypothèses jugées non scientifiques étaient mises de côté, comme la conspiration et la manipulation par des groupes puissants et très secrets (allusion aux rumeurs “conspirationnistes” assez répandues aux États-Unis), ou les phénomènes parapsychiques (pris comme hypothèse globale), sans oublier les “hallucinations collectives”, chères aux sceptiques qui veulent tout expliquer sous l’angle socio-psychologique.

L’hypothèse d’armes secrètes (pouvant être prises pour des ovnis) était aussi considérée comme très improbable, de même que celle de manipulations de l’opinion (“l’intoxication” au temps de la guerre froide), ou simplement les phénomènes naturels. Ainsi les auteurs, tel Sherlock Holmes, ayant éliminé toutes les autres hypothèses, il leur restait à envisager les hypothèses extraterrestres.
Pour étayer cette hypothèse des voyageurs extraterrestres, le rapport du COMETA rappelait le scénario de voyage interstellaire développé en France par les astronomes Jean-Claude Ribes et Guy Monnet à partir du concept des “îles spatiales” du physicien américain O’Neill, et qui est compatible avec la physique d’aujourd’hui. Ce scénario imagine d’immenses vaisseaux, construits dans l’espace avec les matériaux abondants de la ceinture des astéroïdes, traversant pendant plusieurs siècles les espaces interstellaires.


La question du secret aux États-Unis


L’un des aspects les plus importants du rapport du COMETA est qu’il a attaqué de front la question du secret aux États-Unis. Dans ce pays, remarquait-il, les médias et les sondages montrent un intérêt du public beaucoup plus marqué qu’en France. Pourtant, la position officielle de l’armée de l’Air reste, soit de nier, soit de dire qu’il n’y a pas de menace pour la sécurité nationale. Nous savons combien cette question lancinante du secret, essentiellement aux États-Unis, est l’un des aspects les plus importants de tout le dossier ovni. C’est pourquoi il est intéressant qu’un comité français, comprenant des experts militaires de haut rang, ait osé l’aborder publiquement. Mais c’est aussi, sans doute, la raison majeure de certaines critiques violentes dont il a été l’objet.


Partie III : Les Ovnis et la défense.


Les auteurs, ici au cœur de leur sujet, estimaient qu’aucune action hostile n’a encore été prouvée, mais qu’en revanche des actions “d’intimidation” ont été enregistrées en France (cas du Mirage IV par exemple). Puisqu’on ne peut exclure l’origine extraterrestre des ovnis,il est donc nécessaire, en déduisaient-ils, d’étudier les conséquences de cette hypothèse au niveau stratégique, mais aussi politique, religieux et médiatique.
Le premier chapitre de cette troisième partie était consacré aux “Prospectives stratégiques” et il s’ouvrait sur des questions fondamentales : « Que faire s’il s’agit d’extra-terrestres ? Quelles intentions et stratégie pouvons-nous déduire de leur comportement ? ». Les motivations possibles de visiteurs extraterrestres étaient supputées, telles que la protection de la planète Terre contre les dangers de la guerre nucléaire, suggérée par les survols répétés d’installations nucléaires militaires, notamment américaines et soviétiques, qui pouvaient être perçus comme des avertissements.
Le COMETA évaluait ensuite le comportement des différents pays, allant de l’inconscience apparente jusqu’à la possibilité de contacts privilégiés, ultrasecrets, qui auraient pu être établis par les États-Unis, expliquant ainsi leur attitude “des plus étrange” depuis la vague de 1947 et l’incident de Roswell. Depuis cette époque, notait le rapport, ce pays a pratiqué “une politique du secret croissant et de désinformation continue” qui pourrait avoir pour objectif la protection à tout prix de la supériorité technologique militaire acquise grâce à l’étude secrète des ovnis !


Puis le rapport s’attaquait à la question : « Quelles mesures devons-nous prendre maintenant ? ». Pour ces experts militaires, quelle que soit la nature des ovnis, ils nous imposent une “vigilance critique”, concernant en particulier les risques de “manipulations déstabilisatrices”. Le rapport employait même l’expression de “vigilance cosmique” des autorités, au plan national et international, afin d’empêcher toute surprise choquante, toute interprétation erronée et toute manipulation hostile.


En conclusion, le COMETA affirmait comme “quasi certaine” la réalité physique des ovnis, sous le contrôle d’êtres intelligents. Une seule hypothèse, affirmait-il, prend en compte les données disponibles : l’hypothèse de visiteurs extraterrestres. Cette hypothèse n’est évidemment pas prouvée, mais elle implique des conséquences très importantes.
Les motivations de ces visiteurs présumés restent inconnues mais doivent devenir un sujet de réflexion et conduire à l’ébauche de scénarios.


L’annexe sur Roswell et la désinformation


Le rapport du COMETA était complété par sept annexes, traitant de divers aspects, dont l’un avait pour titre “L’affaire Roswell – La désinformation”. C’est là que le rapport prenait un tour nettement plus polémique, qui devait inévitablement déclencher certaines réactions, car c’était un véritable pavé dans la “mare ufologique”. En France, en effet, si l’on demande au hasard à quelques personnes ce qu’évoque pour elles le nom de Roswell, on s’entend dire le plus souvent qu’il s’agit du canular d’une soi-disant autopsie d’un extraterrestre. Or le rapport du COMETA, non seulement prenait au sérieux l’affaire de Roswell, mais allait plus loin dans cette annexe, évoquant la possibilité d’une politique américaine de désinformation pour cacher les études secrètes menées depuis 1947, date de la première grande vague d’ovnis et du crash de Roswell. Il relevait les points forts du dossier, et soulignait que l’enquête du Congrès américain (du GAO, General Accounting Office) sur cette affaire, enquête qui avait été menée pendant un an et demi à la demande du député Steven Schiff, du Nouveau-Mexique, car il n’arrivait pas à obtenir la moindre information de l’armée de l’Air sur Roswell, n’avait pu que constater la destruction non motivée d’une grande partie des archives de la base aérienne de Roswell. Des archives exceptionnelles, pourtant, s’agissant de l’unique base de bombardiers atomiques à l’époque ! Le seul commentaire que se permettait le GAO était : « Le débat sur ce qui s’est écrasé à Roswell continue ».
Le COMETA soulignait la coïncidence curieuse entre la divulgation du film de l’autopsie supposée d’un cadavre d’extraterrestre du crash de Roswell, fin juin 1995, et la divulgation du rapport du GAO, fin juillet. Cette quasi simultanéité avait eu pour effet de détourner l’attention médiatique sur ce rapport important, très embarrassant pour l’armée de l’Air, en provoquant un énorme scandale qui allait discréditer durablement l’affaire de Roswell aux yeux du public. Le mieux est de citer les propos exacts du COMETA, mettant le doigt sur cet “amalgame” entre ce film suspect et l’affaire de Roswell : « Son authenticité est douteuse, mais surtout rien dans le film ne prouve que le cadavre ait la moindre relation avec l’incident de Roswell. L’amalgame est pourtant fait dans une grande partie de la presse écrite et télévisée, ridiculisant ainsi l’affaire de Roswell. Les conclusions du GAO et les vidéos des principaux témoins, présentées par TF1, passent inaperçues, noyées au milieu du film de l’autopsie ».

C’était, à mon avis, une analyse courageuse et juste, déjà en 1999, qui garde toute sa pertinence aujourd’hui.

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