jeudi 1 janvier 2015

La Zone 51, la CIA et les OVNIS



Selon la CIA, les avions-espions U2 ont provoqué une « augmentation phénoménale» des signalements d’ovnis

En août 2013, la presse française publiait, avec un bel ensemble et sans le critiquer, un communiqué de presse de la CIA, révélant, dans un rapport officiel récemment déclassifié, que les « ovnis mythiques de la Zone 51 étaient en fait des avions-espions ». L’hebdomadaire L’Express daté du 17 août titrait : « Etats-Unis : à défaut d'ovnis, la mythique Zone 51 abritait les avions-espions U-2 ». Le quotidien Libération du même jour était encore plus direct : « Les ovnis de la mythique Zone 51 étaient des avions-espions ». Ces titres, ainsi que beaucoup d’autres, recopiaient presque mot pour mot le communiqué. Voici quel était l’argument clé de la CIA, recopié également, sans le critiquer, dans L’Express :

« Dès le début des vols d'essais et d'entraînement en juillet 1955, "la haute altitude du U-2 a rapidement mené à un effet-secondaire inattendu: l'augmentation phénoménale des signalements d'objets volants non-identifiés (Ovnis)", relatent les auteurs de la CIA.

« A l'époque, les appareils commerciaux volaient à une hauteur de 3.000 à 6.000 mètres. Les U-2 volaient eux à plus de 20.000 mètres, expliquent-ils. "De tels signalements étaient très fréquents en début de soirée de la part de pilotes commerciaux volant d'est en ouest". Le soleil était alors bas sur l'horizon, leur appareil étant "dans l'ombre". »

Une « explication » des ovnis qui ne tient pas debout

Que dire de ces « révélations » sur les U-2, pris pour des ovnis? D’abord, quelles n’étaient pas nouvelles. Elles avaient déjà été faites en 1997 par l’historien de la CIA Gerald Haines, et citées avec la même complaisance dans la grande presse de l’époque, notamment dans Le Figaro du 6 août 1997 (« Les ovnis n’étaient que des espions volants »). Et elles ont été souvent rappelées depuis, par exemple lors d’une émission de France 3 « Pièces à conviction » du 27 juin 2007, animée par Elise Lucet, avec l’interview du même historien par un jeune journaliste, à Washington.
Cette argumentation avait déjà été réfutée dès 1997 par les meilleurs ufologues américains, en particulier le physicien Bruce Maccabee dans le Mufon UFO Journal d’octobre 1997 (article « CIA’s UFO explanation is preposterous »). Soulignons que l’avion U2, ayant fait son premier vol d’essai en août 1955 à Groom Lake, dans la Zone 51, un coin perdu du désert du Nevada, ne pouvait évidemment expliquer les grandes vagues d’ovnis observées dès l’été 1947, avec des années très « actives » comme 1952 (1 501 cas) et 1953 (509 cas), selon la statistique globale d’observations d’ovnis - expliqués ou non - recensés par la commission « Livre Bleu » de l’Air Force, de 1950 à 1968, et publiée dans le fameux « Rapport Condon » en janvier 1969 (Scientific Study of Unindentified Flying Objects, page 514), lequel voulait enterrer les ovnis, mais n’y est pas parvenu.

Mais qu’en est-il des années 1955 et suivantes ? Il est vrai que la période 1955-1957 a été assez riche, mais les années 1965 à 1968 également. Les U2 y étaient-ils vraiment pour quelque chose ? On trouve dans le Rapport Condon la statistique de la commission « Livre Bleu » ventilée par catégories de méprises et confusions, notamment les avions (pages 521 et 522). Y trouve-t-on cette augmentation phénoménale des observations, à cause des U2 selon la CIA ? Eh bien non ! Voici les chiffres.

Observations d’ovnis « expliquées » comme étant des avions par la commission Livre Bleu

1953 :73 cas (14,3 % du total de 509 cas)
1954 : 80 (20,6 % du total de 387 cas)
1955 : 124 (22,7 % du total de 545 cas)
1956 : 148 (22,1 % du total de 670 cas)
1957 : 210 (20,9 % du total de 1006 cas)
1958 : 104 (16,6 % du total de 627 cas)
1959 : 63 (16,2 %) total de 390 cas)
1960 : 66 cas (11,9 % du total de 557 cas)

On voit que la proportion augmente un peu (20 % et plus) dans la période 1954-1957, mais qu’elle commence en 1954, donc un an avant le premier vol de l’U2 ! Et pourquoi rebaisse-t-elle ensuite (moins de 20 %) à partir de 1958, alors que le nombre de vols de l’U2 a dû plutôt augmenter ? Incidemment, très peu d’avions U2 ont été fabriqués, une cinquantaine, à l’usine de Lockheed près de la base de Muroc (« Skunk Works ») en Californie, et ils ont été basés surtout à l’étranger, autour du bloc de l’Est pour l’espionner - Allemagne, Japon - or on n’a pas constaté de vagues particulières d’ovnis à l’époque dans ces pays. Remarquons également que, dès le début des années 60, les U2, déjà peu visibles à 20 km d’altitude (où ils ne produisaient pas de trainée de condensation) avaient été peints de couleur noire ou sombre pour les rendre encore plus discrets.




Un avion U2. La plupart avaient été peints de couleur noire ou sombre au début des années 60, pour les rendre très peu visibles.



Ainsi, les statistiques de l’armée de l’Air américaine ne font pas apparaître une augmentation phénoménale des observations d’ovnis causées par des avions - U2 ou autres - et cette « révélation » de la CIA est une fable. Mais qu’en est-il des rumeurs sur l’étude secrète des ovnis en ces lieux ?



La Zone 51 est-elle le lieu d’études très secrètes sur les ovnis ?


Les « révélations » de la CIA vont plus loin. Leur objectif est, visiblement, de tordre le cou aux rumeurs selon lesquelles la Zone 51 abriterait des ovnis accidentés - ou même en bon état selon des témoins - étudiés en grand secret :
« Les adeptes des théories de la conspiration vont être déçus et le fantasme alimenté par Hollywood du camouflage de l’existence d’extra-terrestres par le gouvernement américain en prend un coup: la zone 51 a servi aux tests du fameux avion-espion de la Guerre froide.

Ce texte de la CIA fait allusion, probablement, au film spectaculaire Independance Day , diffusé en 1994, qui mettait en scène l’étude ultra secrète d’un ovni et d’un alien survivant - récupérés à Roswell en 1947 ! - dans un laboratoire souterrain de la Zone 51. C’est grâce à ces recherches que les humains allaient pouvoir lutter efficacement et remporter une victoire éclatante contre ces envahisseurs hideux et sanguinaires !

Toutefois, comme le souligne l’article de L’Express, ce rapport de la CIA ne cite pas le crash de Roswell : « Au long des 400 pages de ce rapport, pas une mention n'est en revanche faite de l'extra-terrestre de Roswell, dont l'ovni se serait écrasé au Nouveau-Mexique en 1947 et qui, selon la légende, aurait été ensuite caché dans la Zone 51 ». Ainsi, la CIA se garde, non sans habileté, d’évoquer l’affaire de Roswell, car le mieux est ne pas en parler. Mais des films et des séries de télévision à succès ne s’en étaient pas privés, comme Independence Day, X Files, Stargate, ou encore Taken produite par Steven Spielberg, Ainsi, la grande presse n’a pas manqué de «comprendre » que les ovnis sur la Zone 51, comme celui de Roswell, étaient des rumeurs sans fondement. De fait, l’affaire célèbre de Roswell reste la cible numéro un. Ainsi, le Journal du Dimanche du 18 août 2013 titrait bravement : « La CIA s’attaque au mythe de Roswell », et en rajoutait une couche : « Selon la légende, l’ovni de Roswell se serait écrasé au Nouveau-Mexique en 1947 avant d’être examiné dans cet endroit tenu secret et baptisé ‟Zone 51 ”. Pour les conspirationnistes (et les adeptes de séries comme X-Files), c’était la preuve de relations entre l’armée américaine et l’au-delà » (sic).


Distinguons deux questions à clarifier, si possible : d’où viennent les rumeurs sur l’étude secrète d’ovnis sur la Zone 51, et d’où vient celle de l’ovni de Roswell en particulier ?

Il est vrai que des témoignages sont apparus à partir de 1988-89, sur la présence d’ovnis à Groom Lake dans la Zone 51, mais ils sont souvent fragiles, comme celui de Robert Lazar, dont on a beaucoup parlé. Concernant Roswell, le lien supposé avec la Zone 51 ne repose que sur de rares témoignages. En fait, les enquêtes et témoignages ont conduit beaucoup plus vers la base de Wright-Patterson dans l’Ohio, où l’engin et les cadavres de Roswell auraient été acheminés. Deux des meilleurs enquêteurs sur Roswell, Tom Carey et Donald Schmitt, ont justement publié en 2013 un bon livre sur les témoignages concernant cette grande base technique de l’armée de l’air : Inside the Real Area 51. The Secret History of Wright-Patterson. (New Page Books).


Se pourrait-il qu’il y ait un objectif caché de la CIA et de l’Air Force : détourner l’attention de la presse de cette base (et peut-être d’autres) en ne parlant que de la Zone 51, si controversée ? Comme me l’a dit un journaliste aéronautique qui connaît bien la question : « quand on regarde là, on ne regarde pas ailleurs ! ». Il est regrettable, en tout cas, que les producteurs hollywoodiens et la grande presse aient ainsi tout mélangé. De même, en France, est paru en 2014 un curieux livre qui donne l’impression d’aller dans ce sens, et dont il faut bien parler, brièvement : Zone 51. Menaces extraterrestres ? de Jean-Claude Sidoun. Mais rappelons d’abord les témoignages sur la Zone 51.


Des témoignages fragiles sur les ovnis de la Zone 51


Il est incontestable que quelques sources ont évoqué des études secrètes d’ovnis sur la Zone 51. L’une des premières a été sans doute le fameux « Briefing pour le président des Etats-Unis », montré en 1983 par Richard Doty, alors agent spécial de l’AFOSI (Air Force Office of Special Investigations), sur la base de Kirtland, à la journaliste Linda Howe, et révélé par celle-ci en 1987. Ce document étonnant citait pour la première la Zone 51, ainsi que le crash de Roswell et plusieurs autres, mais il reste controversé. Linda Howe avait pu seulement le lire, et elle m’a confirmé qu’il ne mentionnait pas le nom du président, mais elle pense qu’il s’agissait de Jimmy Carter, élu en 1976. Soulignons que ce document a été « dévoilé » à une journaliste connue, sur une grande base militaire !

C’était en fait le second « briefing pour le président », le premier ayant été divulgué par William Moore la même année. Celui-ci, encore plus controversé ne mentionnait en fait ni Roswell, ni la Zone 51. Par compte, tous deux « révélaient » la création par le Président Truman en 1947 d’un groupe d’étude des ovnis ultra secret, composé d’une douzaine de membres de haut niveau, baptisé « Majestic 12 ».

L’année suivante, en octobre 1988, l’émission UFO Cover-Up ? Live ! fut un événement médiatique majeur, avec diffusion en prime time par la chaîne CBS. À un moment, deux agents cachés derrière un écran - dont l’un, surnommé « Condor », fut identifié comme étant le capitaine Robert Collins, ancien chef de Richard Doty à l’AFOSI - firent des révélations sensationnelles sur les recherches secrètes, menées notamment sur la Zone 51, avec même des aliens vivants auxquels on avait concédé des locaux ! Inutile de dire que cette émission fit un beau scandale et fut violemment contestée. Certains détails - les aliens aimaient la glace à la fraise et la musique tibétaine ! - donnèrent à penser que l’émission était destinée à tourner tout cela en ridicule. En fait, j’en ai une copie et je peux dire qu’elle était très intéressante et bien préparée. De tels détails étaient peut-être cités, en revanche, pour laisser planer le doute.

Un vrai scandale se produisit en 1989 quand Robert « Bob » Lazar fut interviewé à plusieurs reprises par le journaliste George Knapp de Las Vegas pour KLAS TV. Lazar se mit à raconter qu’il avait travaillé quelque temps sur cette Zone 51. Il y avait vu pas moins de neuf soucoupes, la plupart en bon était, et on lui avait fait étudier des documents ultra secrets et explosifs sur nos relations cachées ave des aliens depuis l’aube de l’humanité ! J’ai rapporté tout cela dans mon livre OVNIS. Vers la fin du secret ? (2010).




Robert Lazar


La vie de Lazar fut passée au crible et il fut dénoncé comme un imposteur, même par beaucoup d’ufologues, comme Stanton Friedman. Mais quelques-uns le défendent encore, tel George Knapp, qui est un journaliste réputé, notamment pour ses enquêtes courageuses contre le crime organisé à Las Vegas, ainsi qu’un ingénieur de la NASA tout à fait sérieux, Ronald Regher, que j’ai rencontré lors d’un congrès en 2000 à Laughlin (Nevada). Il faut ajouter que Knapp a trouvé une douzaine d’autres témoins sur les ovnis dans la Zone 51, qui sont cités par David Darlington dans un livre bien documenté, Area 51. The Dreamland Chronicles (1997, pages 83 à 85).

Mentionnons également que l’on a un certain nombre de vidéos de lumières étranges, filmées par plusieurs enquêteurs, tournoyant à grande vitesse dans le ciel nocturne de la Zone 51 : on a peine à croire que ce sont des engins de fabrication humaine. Tout cela reste ainsi entouré de mystère.

Il y a bien, en fait, un ou deux témoins sur Roswell pour la Zone 51, mais ils citent plutôt un autre crash, celui de Kingman, en Arizona. Ce dernier pose également un problème : il est supposé avoir eu lieu en 1953, mais on a commencé à installer Groom Lake seulement à partir de 1955. D’abord de manière rudimentaire avec quelques baraquements, pour faire les essais de l’avion secret Lockheed U-2 tranquillement, à l’abri des regards indiscrets. À l’époque, il fallait se mettre à l’abri lors des essais nucléaires atmosphériques qui avaient lieu non loin à l’ouest, sur le Nevada Test Site ! C’est beaucoup plus tard que le site a pris une grande ampleur, révélée notamment par des photos de satellites soviétiques. On y a testé toutes sortes d’avions secrets, tels que les fameux F-117 mis en service lors de la première guerre du Golfe.





Photo satellite de la Zone 51


Citons encore un autre anachronisme : en 1994, le très controversé document « SOM1-01 », l’un des plus fameux documents labellisés « Majestic 12 », apparus dans les années 90, cite la Zone 51 et le site proche de S4 comme lieux où doivent être acheminés les débris d’ovnis récoltés sur site en cas de crash, mais ce document est daté de d’avril 1954 (voir notamment le livre de Stanton Friedman Top Secret Majic, 1996, pages 167 à 184). Avouons que cela ne fait pas sérieux : encore un détail placé habilement pour mettre en doute ces histoires ?


Pour résumer les choses, il y a quelques témoignages qui donnent à penser, malgré les nombreuses critiques, qu’il y a - ou qu’il y a eu, car on les a peut-être déplacées ailleurs ! - des études d’ovnis très secrètes dans la Zone 51. Mais le dossier de la base de Wright-Patterson est beaucoup plus crédible, et c’est le moment d’en parler un peu.



Un dossier plus solide, celui de la base de Wright-Patterson, dans l’Ohio.


La plupart des témoignages sur des études secrètes d’ovnis, recueillis par les enquêteurs à partir des années 70, notamment par Leonard Stringfield, ancien militaire avec beaucoup de contacts dans l’armée, qui les a publiés dans les années 70-80, pointent vers la grande base technique de l’armée de l’Air à Wright-Patterson, dans l’Ohio, et non pas vers la Zone 51. Je les ai résumés dans mon livre OVNIS. Vers la fin du secret ? Citons également, bien sûr, les livres sur Roswell, de William Moore en 1980 puis de Kevin Randle et Donald Schmitt, ainsi que de Stanton Friedman au début des années 90 (voir aussi mon livre Le crash de Roswell) : on n’y trouve rien sur la Zone 51. Mieux encore, en 2013, le livre Inside the Real Area 51. The Secret History of Wright-Patterson de Tom Carey et Donald Schmitt a réuni l’ensemble de ces témoignages de manière convaincante. En voici juste deux exemples.




Le livre de Tom Carey et Donald Schmitt


Dans leur livre, Carey et Schmitt rappellent, comme beaucoup d’autres auteurs, les tentatives du sénateur Barry Goldwater (républicain très marqué à droite), faites dans les années 60, pour visiter la « Blue Room », sur la base de Wright-Patterson, où l’on pensait qu’étaient stockés les débris d’ovnis accidentés. Selon Carey et Schmitt, Goldwater avait été sans doute informé par le général Blanchard, ami très proche qui avait commandé la base de Roswell en 1947 puis avait gravi tous les échelons de la hiérarchie de l’Air Force jusqu'au grade de général à quatre étoiles, à sa mort en 1966 (page 83). Goldwater, qui était lui-même général de réserve dans l’aviation, a raconté à plusieurs reprises, dans des lettres et même à la télévision, qu’il l’avait demandé cette faveur à un autre ami, le général Curtis LeMay, grand patron de l’Air Force, et républicain de droite comme lui, mais celui-ci s’était mis dans une violente colère et l’avait sommé de ne plus jamais lui en parler ! Pourquoi cette colère ? Il aurait pu se contenter d’en rire, s’il n’y avait rien ! Incidemment, il n’y était question que de la base de Wright-Patterson, en non pas également de la Zone 51 comme le raconte par erreur Jean-Claude Sidoun dans son livre Zone 51 (page 26). Cette anecdote figure dans de nombreux livres, notamment ceux, déjà cités, de Carey et Schmitt, ou Darlington, et encore Timothy Good qui a cité trois déclarations écrites de Goldwater à ce sujet, dont il a copies, dans son bon livre Above Top Secret de 1987 (pages 400 et 401) : une lettre du 28 mars 1975 à Shlomo Arnon, deux lettres à Lee Graham, du 11 avril 1979 et du 19 octobre 1981. Cette dernière a été publiée en fac-similé dans le livre de Grant Cameron et Scott Crain, UFOs, Area 51 and Government Informants (1991 et 2013), autre livre important sur toutes ces questions.

Citons au moins un autre témoin de poids, le général Arthur Exon, interviewé par Kevin Randle en 1990. Exon avait commandé la base de Wright-Patterson alors qu’il était lieutenant-colonel, et il en avait appris l’existence, confidentiellement. Il n’y avait pas accès mais cela lui avait été confirmé de bonne source.



En France, un curieux livre de Jean-Claude Sidoun entretient le doute


Jean-Claude Sidoun, déjà auteur d’un livre sceptique sur le crash de Roswell, décrit longuement dans son livre Zone 51. Menaces extraterrestres ? , les avions secrets testés sur cette base, et met en doute, par contre, les rumeurs ufologiques la concernant. Ainsi, il s’étend dès le début du livre sur les témoignages les plus fragiles, notamment celui de Robert Lazar, en les liant avec Roswell. Sidoun le cite dès la page 8 de son livre, en légende d’une illustration montrant un groupe de « Gris » ridicules, que Lazar appelle « Les gamins » ! Puis il cite longuement un certain David Adair qu’il qualifie de « nouvelle référence des théoriciens du Complot » (page 24). Or son témoignage est ridicule et c’est manifestement un imposteur. Personne n’en parle parmi les ufologues crédibles. Par contre, il est interviewé longuement dans un DVD très médiocre sur la Zone 51, publié en 2002 par Jupiter, dans sa collection « Secrets et mystères du monde ». Mauvaise pioche.
Citons Sidoun sur Lazar : « Comme il fallait s’y attendre, cette étonnante révélation a eu pour effet d’alimenter l’événement controversé intervenu à Roswell, en juillet 1947, et d’alimenter la rumeur que le gouvernement américain conserve secrètement, dans les profondeurs de l’Aréa 51 (sic), une épave extraterrestre avec ses occupants alors qu’il a toujours prétendu le contraire » (pages 16-17).
En fait, Robert Lazar ne parlait pas de Roswell. Aucune importance ! Le pavé de Roswell est lancé par Sidoun dans la mare aux canards « soucoupistes » et « conspirationnistes » (selon ses propres mots), qui racontent tous, suggère-t-il, que la soucoupe de Roswell est cachée à Groom Lake !

Il y a beaucoup d’erreurs dans ce livre. En voici juste un autre exemple. Jean-Claude Sidoun évoque le cas dramatique de deux femmes, Betty Cash et Vicky Landrum, irradiées gravement un soir fin 1980, sur une route du Texas, lors du passage à basse altitude d’un engin étrange qui semblait en difficulté et crachait du feu, escorté par un groupe d’hélicoptères militaires Chinook. Sidoun essaie de rattacher cet incident à la Zone 51 qui, écrit-il, n’était « pas très éloignée » (p. 234). Mais non, la Zone 51 est au moins à 500 km à vol d’oiseau ! Par contre, c’était assez près de la base de Fort Hood au Texas - autre zone bien intéressante à étudier – mais c’est une autre histoire (voir mon livre OVNIS. Vers la fin du secret ?, pages 204 à 206).




Pour conclure sur cette affaire des « révélations » de la CIA, citées en cœur dans la presse, encore en 2013, remarquons que le livre de Leslie Kean, paru en français en 2014, OVNIS. Des généraux, des pilotes et des officiels parlent , n’a pas eu le moindre compte-rendu dans les grands médias. Il comportait pourtant les témoignages écrits de cinq généraux d’aviation, de l’ancien Gouverneur de l’Arizona, deux préfaces importantes, l’une de John Podesta, proche des Présidents américains Bill Clinton et Barack Obama, et l’autre de l’astronaute français Jean-François Clervoy, dont le courage mérite d’être salué. Eh bien non, cela n’a même pas eu un petit commentaire dans la « grande » presse ». Bravo, les médias !

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