Le 8 juillet 1947, l'unité des bombardiers atomiques de Roswell, au Nouveau-Mexique, sous les ordres du colonel Blanchard, publia un communiqué de presse annonçant la découverte d'un « disque volant » dans la région. Mais cette découverte spectaculaire, annoncée au beau milieu d'une vague d'observations de ces mystérieux engins – la première grande vague médiatisée d'ovnis – fut démentie le soir même par le général Ramey, commandant de la Huitième Armée aérienne à Fort Worth, au Texas. Il montra à la presse des débris de ballon météo et de cible radar que les officiers de Roswell avaient pris, selon lui, pour une soucoupe volante ! La renommée de l'Air Force était si grande que la presse accepta aussitôt cette curieuse explication, et l'incident fut oublié pendant trente ans.
Ce fut aussi la date du début d'une campagne officielle de négation des ovnis, au moins aux Etats-Unis, qui dure encore aujourd'hui. Cependant, en 1978, l'ufologue américain Stanton Friedman rencontra presque par hasard un témoin clé, l'ancien commandant (Major) Jesse Marcel, responsable de la sécurité de la base, qui avait récolté des débris sur le terrain. Marcel, alors à la retraite en Louisiane, confirma à Friedman que ces matériaux étaient étranges et ne ressemblaient à rien de connu, et que le démenti de Fort Worth avait été un mensonge, auquel il avait d'ailleurs été contraint de participer.
Le Major Marcel à Fort Worth devant des débris de ballon
Depuis lors, plusieurs équipes de chercheurs ont accompli un travail considérable et ont retrouvé de nombreux témoins, qui ont fait que Roswell est devenu l'un des cas les mieux documentés de l'ufologie. La théorie d'un crash d'ovni est fondée sur trois éléments principaux : le communiqué de presse de la base de l'Air Force, des témoignages sur des matériaux étranges, et des témoignages sur la découverte d'un appareil et de cadavres non-humains près de Roswell.
L'étonnant communiqué de presse
Une question vient vite à l'esprit, au sujet du communiqué de presse : comment ces officiers d'un corps d'élite ont-ils pu, non seulement faire une erreur grossière - si nous croyons l'armée de l'Air – mais, en plus, aggraver leur cas en faisant cette annonce spectaculaire, contrairement aux règles de secret militaire, auxquelles ils étaient particulièrement entraînés ? La seconde partie de cette question s'applique aussi dans le cas où ils auraient trouvé un engin secret américain, avion ou fusée : ils n'auraient pas dû l'annoncer non plus, à moins d'en avoir eu l'autorisation en bonne et due forme. Donc, l'existence même de ce communiqué pose un sérieux problème. Or, le dossier du crash d'un ovni a beaucoup progressé ces dernières années, notamment avec la divulgation de nouveaux témoignages, dans le livre de Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell, paru en juin 2007 et réédité en 2009.
Ces témoignages se recoupent bien avec les nombreux témoignages déjà connus, et ils ont permis de mieux comprendre le scénario du crash, en particulier cet étrange communiqué de presse de la base des bombardiers atomiques. Je résume cela dans un autre article figurant sur ce blog, intitulé « Le crash de Roswell confirmé par de nouveaux témoins » , et j'en donne une analyse développée dans mon livre Le crash de Roswell, paru en février 2009.
En bref, l'explication qui me semble la plus probable est que ce communiqué fut une opération de risque calculé, pour le cas où ils n'auraient pas réussi à étouffer la découverte, non seulement du champ de débris, mais d'un ovni et de cadavres extraterrestres, dont la nouvelle commençait déjà à filtrer dans la région. Ce communiqué leur aurait alors permis de faire bonne figure, mais il était assez vague pour pouvoir être démenti facilement, ce qui fut fait le soir-même dès que la situation fut sous contrôle.
Ces témoignages se recoupent bien avec les nombreux témoignages déjà connus, et ils ont permis de mieux comprendre le scénario du crash, en particulier cet étrange communiqué de presse de la base des bombardiers atomiques. Je résume cela dans un autre article figurant sur ce blog, intitulé « Le crash de Roswell confirmé par de nouveaux témoins » , et j'en donne une analyse développée dans mon livre Le crash de Roswell, paru en février 2009.
En bref, l'explication qui me semble la plus probable est que ce communiqué fut une opération de risque calculé, pour le cas où ils n'auraient pas réussi à étouffer la découverte, non seulement du champ de débris, mais d'un ovni et de cadavres extraterrestres, dont la nouvelle commençait déjà à filtrer dans la région. Ce communiqué leur aurait alors permis de faire bonne figure, mais il était assez vague pour pouvoir être démenti facilement, ce qui fut fait le soir-même dès que la situation fut sous contrôle.
Il y a une autre anomalie, manifestement, dans les explications du Pentagone. S'il y avait eu vraiment une aussi incroyable confusion avec un ballon (ou une grappe, ou un « train » de ballons dans le cas de Mogul, discuté plus loin), les officiers de Roswell auraient dû être sévèrement réprimandés, or ce ne fut pas le cas. Le colonel Blanchard, commandant de l'unité de bombardement, fit ensuite une brillante carrière jusqu'au sommet de l'armée de l'Air. Le commandant Marcel, bien noté par sa hiérarchie, avant et après l'incident, fut promu à un poste de responsabilité au Pentagone. De plus, s'il avait fait une telle méprise, aurait-il accepté d'en parler trente ans plus tard ? Il est intéressant, à ce sujet, de noter que Marcel, quand il fut interviewé en 1982 par une étudiante, Linda Corley, lui confia qu'il n'avait pas tout dit, « pour le bien de son pays ». Linda Corley a révélé cela vingt ans plus tard, au symposium du Mufon de 2000. Selon plusieurs témoins apparus depuis, il était au courant de la découverte de l'ovni et des cadavres, mais n'en avait jamais parlé publiquement.
D'étranges matériaux
Plusieurs témoins ont confirmé la découverte, par le fermier Brazel et le Major Marcel, d'un grand champ où étaient éparpillés d'étranges débris, à environ cent km au nord de Rowell, à vol d'oiseau. Ceux-ci comprenaient un grand nombre de petites pièces métalliques, découpées irrégulièrement mais très solides, rigides et légères. Il y avait aussi beaucoup de morceaux de feuilles métalliques, ressemblant à de l'aluminium mais qu'on ne pouvait ni couper, ni déchirer, et possédant une « mémoire de forme » (on pouvait les froisser mais elles reprenaient ensuite leur forme plate, sans garder aucun pli). Certaines pièces étaient poreuses, et ne pouvaient donc provenir d'une enveloppe de ballon. Certains débris ressemblaient à des baguettes de balsa, mais on ne pouvait ni les casser, ni les brûler. Selon le Dr Jesse Marcel, fils du commandant Marcel, à qui son père avait montré brièvement des débris, il y avait de curieuses inscriptions le long d'une baguette, faisant penser à des « hiéroglyphes ». D'autres pièces ressemblaient à des fibres optiques. Tout cela suggérait qu'il y avait eu une violente explosion au dessus de terrain.
Témoignages sur un engin et des cadavres
Le troisième élément majeur est que l'on a retrouvé des témoins sur la découverte d'un engin et de cadavres non-humains, sur un site plus proche de Roswell. Ces témoignages se sont plutôt renforcés ces dernières années. A vrai dire, deux d'entre eux, Frank Kaufmann et Jim Ragsdale, ne sont plus crédibles, mais il existe un groupe de témoins cohérents sur la découverte d'un un appareil étrange, en forme de soucoupe, ou peut-être de sabot de cheval, de petits êtres non-humains, morts, et peut-être un survivant, sur un site se trouvant à environ cinquante kilomètres au nord-ouest de Roswell. C'est cette partie du scénario qui s'est beaucoup renforcée ces dernières années, comme je l'explique dans mon livre Le crash de Roswell.
Couverture de mon livre Le crash de Roswell
1994-1997. La nouvelle explication de l'armée de l'Air : train de ballon secret « Mogul » et mannequins pour essais de parachutes
En 1994, l'armée de l'Air américaine, pressée par une enquête qui avait été ouverte par la commission d'enquêtes du Congrès, le General Accountibility Office (GAO), à la demande du député Steven Schiff, a remplacé l'explication initiale du ballon météo par celle d'un « train » de vingt à trente ballons météo attachés à une ligne, appelé « Mogul », dont des essais se déroulaient alors sur la base de White Sands, située plus à l'ouest au Nouveau-Mexique.
Carte du Nouveau-Mexique
C'était, expliqua-t-elle, un projet très secret pour développer un moyen de détection des futures explosions atomiques soviétiques, et c'était la raison pour laquelle sa découverte avait été cachée à l'époque. Il faut préciser ici que ce mystérieux train de ballons ne comportait que des matériels ordinaires : ballons météo, cibles radar et quelques instruments de mesure de fabrication visiblement humaine. De plus, en dépit de la publication en 1995 d'un gros livre d'un millier de pages, le Roswell Report, les militaires américains ont été incapables de fournir la moindre preuve de cette explication. Pas le moindre bout de papier, télex, note en archive, qui aurait prouvé que c'était bien ce qui avait été trouvé à Roswell. Au contraire, leur épaisse documentation montre assez clairement que le train de ballons « Mogul » numéro 4, le seul qui aurait pu, théoriquement, causer cette méprise car il comportait des cibles radar (j'explique dans mon livre ce bizarre argument), n'avait pas été lancé, très probablement ! Il est absent des rapports de la New York University (NYU), chargée des essais, et le géophysicien Albert Crary, responsable sur le terrain, avait noté dans son journal personnel qu'il avait été annulé à cause du temps couvert. Ironiquement, ces documents - rapport de l'université, et journal de Crary - qui permettent de réfuter la thèse du ballon Mogul de l'armée de l'Air, sont reproduits dans le gros rapport de 1995 ! En fait, Crary avait lancé dans la matinée une petite grappe de ballons, comme NYU en lançait tous les jours en juin.
Train de ballons avec cibles radar,reconstitué pour la télévision
Par contre, il est possible que le fermier Brazel ait bien trouvé sur son ranch, le 14 juin, l'une de ces petites grappes de ballons, comme il l'a dit à la presse le soir du mardi 8 juillet, sous la pression des militaires. Mais il a expliqué (autre contradiction) qu'il n'y avait attaché aucune importance, et elle n'avait rien à voir avec la découverte du grand champ de débris début juillet. De toute façon, même si les officiers de Roswell avaient trouvé un train de ballons Mogul, ils l'auraient facilement identifié comme tel. Il leur aurait suffi d'identifier l'un des éléments de ces équipements ordinaires, pour régler la question. Par exemple, l'une de ces fragiles baguettes de balsa qui servaient de cadre pour les cibles radar, lesquelles ressemblaient plus à un cerf-volant qu'à un disque volant. Ou l'un des instruments attachés à la ligne en nylon, qui n'étaient pas plus mystérieux : réservoir de ballast, batterie électrique, émetteur radio, « bouée acoustique » à l'allure de bidon métallique. De plus, aucun de ces instruments ne fut trouvé au ranch Foster, ni par le fermier Brazel, ni par les militaires venus ramasser les débris. La conclusion évidente est : Mogul, affaire classée !
Pour sa part, le GAO a découvert que des parties importantes des archives de Roswell avaient été détruites sans explications. Il n'a pas accepté la thèse des ballons, contrairement à ce qui a été écrit en France par le sociologue Pierre Lagrange. Le GAO a conclu sobrement, dans son rapport remis au député Schiff en juillet 1995 : « Le débat sur ce qui s'est écrasé à Roswell continue ». Or, ce rapport important, qui gênait beaucoup le Pentagone, a été quasiment occulté par la divulgation, pratiquement au même moment, du film très douteux de l'autopsie d'un cadavre mystérieux, qui fit beaucoup de bruit et eu pour effet de couler l'affaire de Roswell, durablement, dans l'esprit du grand public. Il y a de bonnes raisons de penser que c'était une opération de « désinformation amplifiante », très efficace pour atteindre cet objectif. L'histoire a encore rebondi en 2006 et en 2007, quand deux Britanniques, Ray Santilli et Spyros Melaris, ont affirmé qu'ils en étaient les auteurs. Nombreux sont ceux les ont crus. Or non seulement ils se contredisent mutuellement, mais ils n'ont fourni aucune preuve de leurs allégations ! En fait, on ne sait toujours pas qui a fabriqué ce film curieux.
En 1997, l'armée de l'Air a publié un second livre, intitulé bravement The Roswell Report. Case Closed, pour expliquer, cette fois, les témoignages sur les cadavres non-humains. Elle a suggéré que les témoins avaient un souvenir confus de mannequins en bois utilisés pour des essais de parachutes. Mais, comme a plaisanté Walter Haut, l'ancien lieutenant chargé de diffuser le communiqué de presse en 1947, « il faut être vraiment idiot pour ne pas reconnaître un mannequin » (jeu de mots sur dummy qui peut signifier un idiot ou un mannequin). De plus, ces essais eurent lieu des années plus tard, au cours des années 50. Cette fois, la presse américaine, qui avait accepté assez facilement l'explication Mogul, est restée visiblement sceptique sur cette nouvelle histoire.
Pour conclure,l'explication de l'Air Force est aussi fragile que les ballons météo et les cibles radar sur lesquels elle repose, ainsi que sur les mannequins en bois. Le seul aspect positif de son rapport est d'avoir écarté d'autres hypothèses, telles que l'accident d'un avion secret, ou d'une fusée, ou d'un bombardier atomique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire